Archives par mot-clé : Violence

Jean-Yves Chagnon, Florian Houssier : the illusory expectation of the demand 

This article presents a brief clinical vignette with a young murderer, who had presented behavioral disorders in adolescence and was refused treatment on the grounds that no demand had been made, to discuss and critique the concept of « demand ». The authors give several reasons why it is impossible for these adolescents to verbalize a demand for treatment, while their behavior is in itself equivalent to a demand unconsciously addressed to the other. Theories which hypothesize the specific nature of the language of the act in adolescence are recalled: these allow us to think about the therapeutic settings and arrangements that would be necessary to care for the psychical suffering of these subjects.
Adolescence, 2013, 30, 4, 919-933.

Pascal Minotte : internet addiction and other prophecies of decline

Considering the important place they occupy in youth recreation, video games and the way they are used have become unavoidable objects of study. Among the questions raised by this research, two are particularly sensitive because of their ideological and political implications. The first is the over-investment these games can generate, sometimes called « Internet addiction » or « obsessive passion ». The second, revived every time incidents occur involving minors, focuses on the possible exportation « Into Real Life » of the violent content of some games. In this context, the Walloon Institute for Mental Health carried out at the request of the Walloon Minister of Health, Social Action and Equal Opportunity (Belgium), an inventory of what is known about these two issues. The article provides a summary of this work.

Adolescence, 2012, 30, 1, 89-99.

François Lebigot : jeunes militaires français à l’épreuve de sarajevo

Les nouvelles missions de l’armée française (maintien de la paix, interposition), particulièrement éprouvantes psychologiquement, ont montré chez les soldats, les plus jeunes comme ceux qui avaient déjà une carrière derrière eux, une étonnante capacité à dominer leur violence. Les situations qu’ils ont eu à affronter en Bosnie de 1992 à 1995, décrites ici, réunissaient pourtant toutes les conditions susceptibles de conduire ces sujets à des débordements pulsionnels incontrôlables.

On peut en conclure que les jeunes gens qui rejoignent l’armée, au sortir d’une adolescence souvent difficile, sont à la recherche d’une discipline, d’un ordre, d’un idéal qui leur permettent d’accéder à une relation pacifiée avec les autres. Pour ce qui est du lieu et de la période considérés, ils ont souvent payé cher cet apprentissage, et manqué de ce fait une réconciliation espérée avec l’humanité.

 

Marie-Jeanne Guedj : passage à l’acte et urgence : cadre et réseau

À partir d’un nombre important d’urgences psychiatriques à l’adolescence (540 moins de 18 ans en 2001), le lien du passage à l’acte à la situation d’urgence à l’adolescence est exploré : la psychiatrie moderne ne tend-elle pas à définir une psychiatrie de l’acte ?

Celui-ci dépend de causes internes à l’adolescence mais aussi de l’environnement. Dès lors, le travail face à ces situations se définit à la fois par la constitution du service d’urgence comme cadre interne et à la fois par le développement d’un réseau externe.

L’évolution d’un service pour accueillir l’urgence psychiatrique à l’adolescence peut ainsi être décrite.

Aboubacar Barry : le sens du rite à l’adolescence

L’accroissement des demandes de prise en charge institutionnelle d’adolescents indique soit que les crises d’adolescence sont devenues plus aiguës, soit que les formes d’organisation actuelles des familles les rendent incompétentes à les gérer en leur sein. Cette sollicitation s’explique aussi en partie par l’absence de procédures médiatisant le passage à l’âge adulte. Beaucoup de conduites adolescentes évoquent d’ailleurs des esquisses ratées de rituels d’initiation. Le travail avec des adolescents ne peut qu’être enrichi et amélioré par la connaissance des rites de passage pratiqués par les sociétés traditionnelles. Le cadre de contenance de la violence et de la sexualité qu’offrent ces rites, les procédures d’affiliation au monde adulte qu’ils mettent en œuvre, la réélaboration de l’ordre symbolique qu’ils impulsent, etc., permettent d’éclairer certaines impasses auxquelles les institutions accueillant des adolescents sont régulièrement confrontées.

Serge Tisseron : comment aider les adolescents à ne pas être dupes des images

La tendance à croire aux images est fondamentale à la vie psychique. Pourtant, les images – notamment violentes – peuvent proposer des modèles, mais elles sont incapables à elles seules d’imposer le désir d’y correspondre. Elles sont le plus souvent recherchées pour leur pouvoir de figurabilité, autant dans le domaine des états du corps et fantasmes archaïques que des émotions de la vie quotidienne parfois difficiles à se représenter.

Les adolescents utilisent spontanément trois moyens complémentaires pour gérer le malaise provoqué chez eux par les images violentes : le langage, les représentations intérieures et les représentations corporelles. Ces trois moyens sont la clé de l’éducation aux images.

Dominique J. Arnoux : le sentiment de nullité

Le récit de trois consultations à propos d’un adolescent arrogant se vivant comme nul me permet de penser le processus psychanalytique de la cure et de ses enjeux. La place est donnée au travail de pensée du psychanalyste à partir des états émotionnels du sujet émergeant dans la cure, mais aussi de ses parents en consultations du début. Il y a violence du fait d’un jugement d’attribution venu des objets parentaux au plus jeune âge et que l’adolescent reprend à son compte sans le savoir. La misère d’objet à l’adolescence trouve ici une définition ainsi qu’une réflexion sur le sentiment de nullité si fréquent à cet âge.

Alberto Eiguer : pourquoi les adolescents n’aiment pas les fêtes de famille ?

 

Afin de creuser les raisons de ce refus, l’auteur examine successivement les limites du concept de défense maniaque, les caractéristiques de toute fête de famille – le rite qui évoque les origines de la famille et l’appartenance de ses membres, mais qui se dresse également contre tout excès et débordement –, la nature singulière de la fête, chez les adolescents – hyperactivité et mise en tension des sensations archaïques –, pour préciser ce qui les heurte tout particulièrement. Les adolescents n’aiment pas les fêtes de famille car elles véhiculent un ordre généalogique dans lequel ils imaginent ne pas avoir de place. Ce serait la raison qui explique qu’ils ne supportent pas leur tonalité apologique ou les certitudes que prétendent dégager les allégories mythiques qui s’y expriment. Ce rejet est en accord avec leur prétention de se construire une néo-filiation, ce qui les conduit vers d’autres groupes et d’autres fêtes (rave parties), mais cela n’est que la face visible d’une autre quête, celle d’une place qui serait la leur dans la généalogie.

Walter Ernesto Ude Marques : amitié bandite : jeunesse, violence et masculinité

Cet article prend appui sur une recherche menée auprès de jeunes en régime de semi-liberté bénéficiant d’une prise en charge socio-éducative à Belo Horizonte, au Brésil.

Ces adolescents vivent dans un monde belliqueux où l’ethos guerrier est dominant, associé à l’idée que la virilité ne comporte pas d’affect. Construction imaginaire et réelle du monde moderne qui aliène la virilité à la violence. Le bandit n’a pas d’amis, l’amitié ferait partie du territoire du sacré.

La création d’espaces privilégiés, de dialogue, permettrait de déconstruire la virilité violente et ses rapports de domination pour que l’amitié ne soit pas bannie des rapports entre les êtres humains.

Claire Maurice : l’adolescence en banlieue : un nouveau « malaise » ?

De nombreux jeunes de banlieue traversent des difficultés multiples, d’ordre familial et social interrogeant l’émergence d’une nouvelle forme de malaise adolescent dans notre société contemporaine. Ces jeunes ne sont pas toujours accessibles à un travail thérapeutique. Ce qui pose des questions spécifiques sur la nécessité d’inventer des dispositifs de soins à mi-chemin entre le social et le thérapeutique, soit une manière de rencontrer ces jeunes à partir de l’espace-temps frontière qui les définit : la banlieue, cette zone intermédiaire où se télescopent revendication communautaire et déficit identitaire.