En français contemporain des cités (FCC) ou « langue des jeunes », « langue des cités », plusieurs types de formations linguistiques tendent à montrer que les variétés langagières relevées dans les cités françaises ont un mode de fonctionnement « en miroir » par rapport à ce que l’on constate généralement dans la langue française : il s’agit, entre autres, de la présence d’un nombre très important de mots en verlan (à l’envers) et de l’émergence de l’aphérèse au détriment de l’apocope. De tels comportements langagiers sont autant de manifestations du rejet opéré par les jeunes – et les moins jeunes – des cités et quartiers populaires de France envers la langue légitimée par l’école, la société française. C’est une de leurs manières de réagir à la violence sociale exercée sur eux.
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Jean-Pierre Goudaillier : pratiques langagières et linguistiques révélatrices des pratiques sociales de jeunes résidant en z.u.s.
En France, les Zones Urbaines Sensibles (Z.U.S.) sont des lieux de précarité sociale, dans lesquels vivent, entre autres, des jeunes, dont un grand nombre est issu de l’immigration. Leurs pratiques langagières, qui manifestent leur identité d’appartenance à l’univers des cités de banlieue, utilisent des formes linguistiques caractéristiques du Français Contemporain des Cités (F.C.C.). Elles sont révélatrices de certaines pratiques sociales existant dans l’univers quotidien de ces jeunes. Elles rendent compte en même temps de la violence sociale et de la violence réactive qui en est la conséquence, telles que celles-ci peuvent être constatées dans les cités françaises.
Adolescence, 2009, T. 27, n°4, pp. 849-857.