L’objet de cet article est l’étude du travail de conversion dans la dialectique portée par tout phénomène rituel. L’obligation est faite au sujet de changer, mais sans pour autant oblitérer la décision qui lui revient. L’auteur aborde l’effet de conversion comme une part active à l’égard de laquelle tout sujet confronté au rite est tenu de se prononcer. La conversion se manifeste à travers la recherche d’une autre façon de dire, susceptible de traduire à la fois la correspondance et l’écart existant entre la promesse d’un nouveau statut et le postulat de bases subjectales immuables. Car pour que la conversion permette au rite d’opérer, il faudrait conjointement un effet de chute avec, concurremment, le passage au crible d’un certain rapport à soi-même et au monde.
La revue Adolescence fut aussi le lieu de controverses. À travers elles, c’est l’enjeu d’une continuité de l’œuvre théorique dans le champ clinique de l’adolescence qui fut visée. La confrontation des pensées assurait le contexte indispensable à la remise sur le métier de notions que la clinique ne saurait entériner une fois pour toutes.
C’est par l’évocation de deux colloques, l’un sur l’homosexualité, l’autre sur la psychose à l’adolescence, que cette question est abordée. La convocation d’auteurs de référence, aussi bien dans le champ de l’adolescence que dans celui plus restreint de la revue, complète ce survol des notions de controverse et d’engagement. C’est, à travers elles, les questions des valeurs techniques et personnelles du thérapeute qui sont également évoquées.
L’auteur envisage le registre du politique comme une dimension indissociable de la rencontre entre le thérapeute et l’adolescent. À la fois initiateur d’une fonction mobilisatrice de la pensée, prosélyte de la valeur « lien », pédagogue et garde-fou, le psychothérapeute pour adolescents reconnaît les conditions spécifiques à cette rencontre. Par la définition à multiples entrées qu’il se reconnaît, il se risque à l’expression de son propre rapport à l’organisé, ce qui institue les fondements d’un vivre ensemble et rend possible une relation entre sujets pensants et parlants. L’enjeu de la rencontre avec l’adolescent coïncide, en effet, avec la confirmation ou la découverte d’une capacité inter-sujet. C’est en cela qu’il est, au plus haut point, aussi politique.
Adolescence, 2010, T. 28, n°1, pp. 67-78.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7