Le processus adolescent s’inscrit dans un mouvement d’humanisation. Cet article explore la possibilité de relier l’émergence pubertaire au registre de l’hominisation, en évoquant le rapport de l’adolescent avec la bipédie, l’outil et le langage articulé. Cette correspondance permet de souligner l’influence du régime de la sur-prise à l’égard du devenir, un devenir marqué par l’importance déterminante de la création. Les enjeux posés par la retraversée du régime de la verticalisation, au temps du génital, soulignent une nouvelle fois la prévalence de la rencontre et de l’autre au plus fort du passage adolescent.
Le redressement (Aufrichtung) postural de nos ancêtres inaugure selon Freud le procès lié à la Kultur. Cette verticalisation renvoie à un rituel en lien avec le rapport à la terre (et par ailleurs universel) : le père élève au-dessus du sol son fils pour le reconnaître. Les céramistes athéniens figurent ce dernier sous les traits d’un adolescent et la philosophie dessine à travers ce geste une structure politique originaire. L’auteur propose de voir dans la double valence (reconnaissance et soumission) intrinsèque qui tisse le rapport entre ce père arbitraire et ce fils adolescent une sorte de métaphore de la naissance du politique. Il s’agit à la fois de repérer la violence inhérente au projet politique et sa nécessaire gestion collective, violence liée à cette ancienne connivence avec la Terre des origines dont il faut bien s’affranchir.
Adolescence, 2010, T. 28, n°1, pp. 179-187.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7