À partir d’un nombre important d’urgences psychiatriques à l’adolescence (540 moins de 18 ans en 2001), le lien du passage à l’acte à la situation d’urgence à l’adolescence est exploré : la psychiatrie moderne ne tend-elle pas à définir une psychiatrie de l’acte ?
Celui-ci dépend de causes internes à l’adolescence mais aussi de l’environnement. Dès lors, le travail face à ces situations se définit à la fois par la constitution du service d’urgence comme cadre interne et à la fois par le développement d’un réseau externe.
L’évolution d’un service pour accueillir l’urgence psychiatrique à l’adolescence peut ainsi être décrite.
Dans le contexte contemporain, caractérisé entre autres par la pénurie des chemins tracés vers l’autonomisation, des adolescents rivalisent d’originalité pour avancer en toute harmonie avec leur société de consommation et de l’image. Or, malgré leur absence de résistance, l’impératif d’affirmation de soi leur demande d’investir certaines dimensions de l’existence pour se préserver du sentiment d’hétéronomie. En investissant singulièrement la temporalité, notamment en s’adonnant à des actes de désynchronisation, en créant délibérément des situations d’urgence et en provoquant des expériences symboliques de l’ubiquité, des jeunes redéfinissent leurs rapports aux contraintes temporelles qu’imposent les rythmes de la vie collective. La temporalité apparaît alors comme un matériel de l’autonomie.
Adolescence, 2011, T. 29 n°1, pp. 161-169.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7