L’investissement de la dimension temporelle par les adolescents en thérapie interroge notre modèle de l’adolescence et de sa durée comme s’il revenait en partie au psychologue ou au thérapeute de répondre à ces questions. À l’extrême, certains adolescents viendraient en thérapie pour faire « leur crise d’adolescence » ; l’immaturité psychique se soignerait-elle et dans quel cadre ? Ces questions sont sans doute liées à la culture psychologique à la source des modèles actuels de l’adolescence.
Lorsque l’encadrement familial ou scolaire délimite l’espace-temps de l’adolescence selon les modèles hérités du début du siècle, le thérapeute travaillera avec ces repères s’attachant à en interpréter la valeur psychique. Mais lorsque cet encadrement devient incertain ou inexistant le cadre clinique peut devenir le seul modèle du temps de passage de l’enfance à l’âge adulte ; pour éviter l’écueil de thérapies interminables ou à valeur pédagogique, le thérapeute sera confronté à la tâche difficile d’inviter l’adolescent, à peine sorti de l’enfance, à intérioriser les limites du cadre et les élaborer en limites intérieures entre l’enfant et l’adulte. L’affaiblissement des modèles culturels se traduirait par un alourdissement du travail psychique à l’adolescence.