À travers une séquence clinique auprès d’un adolescent se présentant comme aveugle, l’article montre la transmutation d’une impossibilité à constituer un horizon de monde subjectif en une capacité, retrouvée dans le transfert, à (se) subjectiver à partir d’un point traumatique et à dresser le théâtre d’un monde intime. Le cheminement thérapeutique part des traces de saisissement du corps et se soutient de l’équivoque diagnostique attestant l’impasse et la tentative d’exister. Il s’agit ensuite successivement, de repérer les impasses de la subjectivation du passage adolescent, de poser des métaphores vivantes pouvant servir d’amorce à une symbolisation, de restaurer de manière progressive la capacité d’organiser une vue du monde et de soi-même, de faire face à ce qui est arrivé, et enfin d’ouvrir à une nouvelle réalité subjective.
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Paola Marion : discussion 2
Cet article parle du matériel clinique présenté par Kari Hauge dans la lignée de réflexion sur les enjeux du traumatisme, de la régression et du transfert. Le traumatisme, dans ce cas, semble être lié à l’ensemble de la vie de la patiente et en particulier à son incapacité à déployer un vécu de continuité et de stabilité d’être. Cette problématique est explorée du point de vue de la répétition du traumatisme à l’adolescence et de ses manifestations dans la situation analytique.
Adolescence, 2009, T. 27, n°1, pp. 41-52.
Jérôme Boutinaud : dans le sillage de l’exil : quelques aspects de la problématique psychique des adolescents étrangers isolés
Nous tenterons ici de cerner certaines particularités des mouvements psychiques présents chez les adolescents étrangers isolés, à partir non seulement de l’expérience de leur accompagnement en psychothérapie mais aussi de leur suivi éducatif. La description de leur accueil (envisagé ici en foyer d’action éducative) permettra de questionner plusieurs manifestations cliniques qui nécessitent une lecture des possibles enjeux inconscients liés à l’impact du traumatisme de l’exil. Nous verrons comment s’organise, dans le sillage de ce dernier, la mise en place de certaines défenses et mouvements transférentiels qui impliquent, entre autres, de profonds remaniements touchant le rapport objectal aux imagos parentales.
Adolescence, 2013, T. 31, n°3, pp. 651-660.
Asmaa Bernichi : enfants de la rue de casablanca : enfants et adolescents « exilés dehors »
À Casablanca, comme ailleurs à travers le monde, des enfants et adolescents vivent dans la rue. Ils sont aux prises avec un passé traumatique, un avenir incertain. La rencontre avec ces enfants et adolescents « exilés dehors » nous a permis de rendre compte de l’environnement défaillant et traumatique qu’ils tentent de fuir en s’exilant dans la rue. Ceci leur confère une place d’étranger inquiétant, craint et rejeté. La rue devient la scène de l’expression de la faillite de l’environnement, le lieu de la survie, de l’expérience de l’intime et du collectif.
Adolescence, 2013, T. 31, n°3, pp. 531-540.
Yves Morhain, Emilie Morhain : la création adolescente
Le travail de création est au centre même de l’opération adolescente, marquée par la rencontre avec l’autre sexe, la confrontation aux limites et au malaise narcissique, mais aussi aux désillusions qui résultent des promesses et des espoirs infantiles. Ce profond bouleversement ouvre la voie à l’acte créatif voire à la création. Émergence d’originalité, expression intense, quête d’idéal, découverte de systèmes de pensée, production d’objets culturels nouveaux, souci de mise en scène, sont des traits caractéristiques de la création artistique qui se retrouvent dans le processus de création de soi qu’est l’adolescence. L’acte de création renverrait-il au processus d’adolescence en tant que paradigme de la crise créative ? Est-il spécifique du passage adolescent pour y traduire les inquiétudes et les déchirements de cette période de la vie ? Ou bien, n’est-ce pas l’adolescence que ce vouloir créer pour devenir soi-même, à travers un mélange de volonté destructrice et de désir créateur ?
Adolescence, 2011, T. 29 n°1, pp. 87-111.