Ph. Gutton a forgé deux concepts pour rendre compte des changements qui se produisent au moment de l’entrée en puberté. Le pubertaire met l’accent sur la violence de l’effraction qui se produit au plan somatique et psychique. L’adolescens traduit le travail d’élaboration psychique rendu nécessaire par la poussée pulsionnelle pubertaire pour résister à la menace d’éclatement de l’unité du moi (psychose) et d’effondrement (dépression). Ph. Gutton a appelé ces deux mouvements le processus adolescent.
En travaillant la question de la violence de l’adolescence, Marty a contribué à préciser la spécificité de l’adolescence par rapport au temps de l’infantile.
Rattachée au processus même de l’adolescence, “ l’illégitime violence ” de l’adolescence a tout d’abord été définie comme fruit de motions incestueuses et parricides insuffisamment élaborées par l’adolescens. Appréhendée ensuite comme inaugurale d’un “ traumatisme pubertaire ” constituant le second temps d’un “ traumatisme généralisé ” inhérent au développement humain, les étapes spécifiques de son élaboration ont pu être dégagées. La qualité des assises narcissiques est apparue déterminante quant à la réalisation des “ transactions narcissiques ” permettant à l’œuvre adolescente de se parachever en une “ névrotisation réussie ” du traumatisme pubertaire.
Le processus d’adolescence étant spécifique, le travail thérapeutique l’est également : pour Marty, le thérapeute a avantage à se situer dans un rôle de “ passeur ” et à mettre en place, chaque fois que cela est possible et souhaitable, un cadre “ élargi ” et “ souple ” permettant d’inclure la dimension familiale dans le travail à mener auprès des adolescents.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7