L’objet d’addiction est présenté comme un opérateur psychique de l’expérience subjective. La logique addictive opère sur fond traumatique. C’est à travers le rythme, la cadence de l’usage du produit, qu’il s’agit de réguler les dysrythmies précoces à l’origine des vécus d’empiètement. Dans les configurations psychiques présentées, l’addiction n’est pas une simple quête de plaisir, mais se situe comme un régulateur de la vie pulsionnelle et sensorielle.
Le caractère inédit de la pandémie de la Covid a participé à l’affaiblissement des résistances psychiques mettant à jour bien souvent les vécus traumatiques jusqu’alors occultés. Dans ce contexte, le vécu traumatique a pu être sollicité à triple valence : par l’effet du confinement, par le recours omniprésent au numérique, et enfin par l’installation générale des téléconsultations dans les soins psychiques. Nous discuterons de cette sollicitation multiple du traumatique à la lumière de la compréhension du processus adolescent.
Les confinements liés au Covid-19 ont entraîné une forte augmentation des hospitalisations pour anorexie sévère chez des adolescents. Si le tableau clinique était typique, l’investissement de l’hospitalisation et des soins était très inhabituel. L’investissement d’un espace à soi, a permis la reprise d’un travail de frontière entrainant la restauration de la différenciation réalité/fantasme, la reprise d’un processus d’appropriation subjectale et la mise à distance de l’effraction traumatique et la régression orale induites par la pandémie.
Cet article s’intéresse aux ratés qui peuvent se produire dans la prise en charge pluridisciplinaire du sujet. Pour se préserver des affects difficilement tolérables qu’il les amène à éprouver, les professionnels chargés de l’accompagner ont tendance à le réorienter. Cette action, voulue comme thérapeutique, amplifie le sentiment d’abandon du sujet et, ce faisant, la violence de ses attitudes. Un exemple clinique en témoigne.
L’Homme a rêvé la maîtrise de son environnement psychique, écologique et virtuel, au travers d’une course effrénée contre toute forme de limites du temps, de l’espace, de ses ressources et de son corps. La situation actuelle met en crise ce récit de l’Homme comme centre des cosmogonies, alors qu’il est forcé de constater son statut périphérique face à ce qu’il avait la présomption de dominer. La génération parentale ferait-elle ainsi payer en tribut à l’adolescence la sauvegarde de son humiliation ? Alors, comment « habiter » son corps et sa psyché, si l’avenir promis est l’écran d’une fin ?
Cet article présente les débuts du traitement chez un adolescent ayant subi des traumas précoces. La discontinuité rétablie dès le commencement du traitement par des absences répétées, va confronter l’analyste aux aléas des premières relations d’objet. Le cadre sans cesse ébranlé, voire attaqué, va devoir se construire autour des possibilités psychiques du patient.
Adoption is not predictive of psychopathological troubles in adolescence. Nevertheless, clinicial experience shows that there is a tendency towards acting out in some adopted adolescents who are “potientially vulnerable” insofar as they present narcissistic fragility.
L’adoption n’est pas un critère prédictif de troubles psychopathologiques à l’adolescence. Toutefois, l’expérience clinique révèle qu’il existe une inclination à l’agir chez certains adolescents adoptés « potentiellement vulnérables » car présentant une fragilité narcissique.
L’abandon, préalable nécessaire à l’adoption, est ici envisagé comme première opération permettant la filiation. L’enfant adoptif doit lui-même abandonner ses parents de naissance pour adopter ses nouveaux parents. Cette réappropriation de l’abandon est rendue inévitable par la subjectivation adolescente. Elle nécessite de dépasser le traumatisme réel du rejet pour l’instituer comme traumatisme structurant de la perte et du don. Elle concerne tout sujet quand il refonde sa filiation à l’adolescence.
Cet article présente une prise en charge clinique qui se développe de l’enfance à l’âge de jeune adulte en passant par l’adolescence, selon trois perspectives : diagnostic, psychothérapie psychanalytique et supervision. S’agit-il d’une pathologie traumatique familiale, d’une psychose infantile évoluant en état-limite à l’adolescence, d’un trouble de la subjectivation ? La technique interprétative est étudiée en détail dans son rapport aux modalités de transfert.
Adolescence, 2015, 33, 4, 823-835.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7