La consultation transculturelle avec des adolescents migrants venus seuls en France et porteurs d’un vécu traumatique exprime la mobilisation de référentiels religieux qui permet de mieux penser l’articulation entre adolescence, trauma et religion. La référence à la religion par le patient s’élabore à travers trois espaces, l’espace symbolique de la parole du père, l’espace du discours social qui historicise le sujet et l’affilie à sa culture, l’espace du mythe et des questions universelles qui lient l’individu au collectif. Un regard clinique sur la dynamique de la consultation avec deux jeunes patients musulmans d’Afrique noire permet de considérer la mobilisation du sentiment religieux comme un outil thérapeutique.
L’auteur propose la mise en correspondance des nombreux adolescents martyrs et meurtriers de l’œuvre de l’écrivain Mishima avec sa vie, amenant une réflexion sur le masochisme et le sadisme compris comme l’après-coup d’expériences traumatiques précoces. Tant que Mishima a réussi à sublimer en réalisant une œuvre littéraire, le masochisme a pu être utilisé comme « gardien de vie » dans une tentative de dépassement du trauma et dans l’après-coup, porteur d’un message qui cherchait à s’élaborer, cependant l’écrivain semble avoir été ensuite débordé par le potentiel de destruction des pulsions de mort désintriquées, emporté par un masochisme mortifère jusqu’à faire œuvre de disparition, sans avoir pu panser les blessures narcissiques primordiales, ni la carence d’objet primaire.
The teenager is extremely sensitive to his image. This one is dreaded as much as invested with strength and fascination. In this article, we present an observation that illustrates the complex and ambivalent perceptions of a body full of diverse troubles. A body which seems to be the Pandora’s box of all the fears arisen from the childhood and from the adolescence, and a body-shop window, a narcissistic facade by the glance of the other one, but at the same time being afraid that this glance sees inside herself, its intimacy, its thoughts, its fears, where from this frequent paranoid aspect in the adolescence.
L’adolescent est extrêmement sensible à son image. Celle-ci est autant redoutée qu’investie avec force et fascination. Dans cet article, nous présentons une observation qui illustre, chez une jeune fille, les perceptions complexes et ambivalentes d’un corps empli de maux divers. Un corps qui semble être la boîte de Pandore de toutes les angoisses nées de l’enfance et de l’adolescence, et un corps-vitrine, façade narcissique par le regard de l’autre, craignant en même temps que ce regard ne voie à l’intérieur de l’adolescente, son intimité, ses pensées, ses angoisses, d’où cet aspect paranoïde fréquent à cet âge.
Adolescence, 2011, T. 29 n°4, pp. 779-785.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7