L’amitié est d’abord envisagée comme située aux origines de la psychanalyse. Le lien s’établissant entre Freud et W. Fliess représente une structure d’étayage, permettant une superposition entre deux dimensions de l’humain – vie et esprit – ou entre deux disciplines s’appliquant à la connaissance d’un niveau du réel : biologie et psychologie. Le partage en deux domaines se rencontre également dans l’“ auto-clivage narcissique ” analysé par S. Ferenczi, ce qui peut faire comprendre le rôle joué par le trauma, soit dans la naissance d’une amitié, soit dans la rupture.
L’analyse du couple formé par Freud et E. Silberstein mettra en évidence une autre structure : l’ami y devient le confident auquel est confié l’aveu des rapprochements se situant à l’extérieur du champ de l’amitié. Confident à qui ces rapprochements – Freud parle alors de sa rencontre avec Gisela Fluss – sont offerts comme autant de sacrifices.
L’adolescence constitue une temporalité spécifique qui bouleverse le développement ontogénétique de l’être. En ce sens, elle est une catastrophe morphogénétique qui doit être assimilée par le sujet. En tant qu’étape structurellement fondamentale sur le plan psychique, elle tient compte des expériences et des points de rupture antérieurs. Cependant, la souffrance ne rime pas systématiquement avec rupture ou crise, bien quíon lui attribue généralement un caractère mortifère. La rencontre préalable et précoce avec le sexuel dans le cadre d’un attentat sexuel survenu à la période de latence modifie le déroulement classique de l’équilibre psychique. Sur le plan social, ce vécu expérentiel initial engage une perception spécifique de nature catastrophique et inscrit, le plus souvent, le vécu dans une vision destructrice, c’est-à-dire modifiant l’ensemble des éléments que constitue la stabilité psychique du sujet. Cependant, l’appropriation de cette expérience du sexuel comme expérience de vie ne serait pas à concevoir comme un processus d’involution ou de barrage de l’évolution psychique, mais serait à réfléchir comme une étape à prendre en compte dans le déroulement successif des catastrophes inscrites dans l’ontogenèse humaine, connotant, de ce fait plus particulièrement la phase de l’adolescence qui constitue un temps singulier dans la révélation de l’attentat sexuel. Celle-ci se révélerait alors être un moment de personnalisation par le sujet de ce qui est pour lui une catastrophe intime.
La problématique des objets narcissiques parentaux qui échappent est illustrée dans l’observation d’une adolescente confrontée au sida et à la mort de ses parents.
In this article we will attempt to pinpoint some particularities of the psychical movements present in isolated foreign minors, especially the experience of their psychotherapeutic treatment, as well as their educational program. The description of their placement (in this case, in an education-oriented home) will help us investigate several clinical manifestations requiring a reading of the unconscious issues that might be linked to the impact of the trauma of exile. We will see how, in the wake of exile, certain defenses and transference movements are established, implying, among other things, profound reordering of the object relation with parental imagos.
In Casablanca, as elsewhere in the world, children and adolescents live in the streets. They are caught between a traumatic past and an uncertain future. Meeting these children and adolescents, these « exiles outside », gives us an idea of the defective and traumatic environment that they are trying to flee by exiling themselves to the streets. This confers a disquieting foreignness on them, making them seem uncanny, feared and rejected. The street becomes the stage where the environment’s failings can be expressed, the place of survival, of both private and group experience.
La exaltación adolescente frente a su ídolo, será considerado como un momento puramente religioso. Para comprender las repercusiones psíquicas de este fenómeno social, el autor propone de pensar sus coordenadas metapsicológicas y su función a partir de la escena del « Hilflosigkeit » – matriz de representaciones religiosas. El ídolo será tratado como esta imagen perceptiva que satura la mirada ; anulando así el punto ciego que instaura la percepción a parir de un punto de carencia (la Cosa). Paradójicamente esta pasión por el ídolo se descubre como una defensa contra el deseo. Esta lectura permitirá una mejor comprensión de la estrategia inédita de la religión monoteísta judía hacia la idolatría – aquella de la de-totalización de esta figura que no soporta la carencia. Finalmente, para comprender en que el ídolo es un fenómeno específico de la adolescencia, el autor propone una relectura de la idea de trauma sexual que el momento adolescente nos deja ver.
La consultación transcultural con los adolescentes migrantes que llegan solos en Francia y que traen con ellos una vivencia traumática exprime la movilización de referenciales religiosos que nos permiten de pensar mejor las articulaciones entre adolescencia, trauma y religión. La referencia a la religión del paciente, se elabora a través de tres espacios, el espacio simbólico de la palabra del padre, el espacio del discurso social que el sujeto y que lo afilia a su cultura, el espacio del mito y de las cuestiones universales que vinculan el individuo a lo colectivo. Un enfoque clínico sobre la dinámica de la consultación con dos jóvenes pacientes musulmanes de Africa negra, permiten de considerar la movilización del sentimiento religioso como un útil terapéutico.
Adolescent exaltation before its idol will considered as a fundamentally religious moment. To grasp the psychical stakes of this social phenomenon, the author suggests that its metapsychological coordinates and function be considered in light of the scene of Hiflosigkeit – the matrix of religious representations. The idol will be understood as the perceptive image which saturates the gaze, thus annihilating the blind spot which establishes perception from the starting point of lack (la Chose). Paradoxically, this passion for the idol will be turn out to be a rampart against desire. This reading enables us to understand better the unusual strategy of the monotheistic Jewish religion against idolatry – which de-totalizes the figure that cannot withstand lack. Finally, to understand how the idol is a specifically adolescent phenomenon, the author offers a rereading of the idea of sexual trauma, as revealed by the moment of adolescence.
Transcultural consultation with immigrant adolescents who have entered France alone and have experienced trauma express the mobilization of religious reference points that help us to reflect upon the conjuncture between adolescence, trauma and religion. The patient’s reference to religion is developed through three spaces: the symbolic space of the word of the father, the space of social discourse which historicizes the subject and affiliates him with a culture, and the space of myth and universal questions which bind the individual to the group. By looking clinically at the dynamic of consultation in the cases of two young Muslim patients from sub-Saharan Africa, we are able to see the mobilization of religious feeling as a therapeutic tool.
L’exaltation adolescente face à son idole sera considérée comme un moment foncièrement religieux. Pour saisir les enjeux psychiques de ce phénomène social, l’auteur propose de penser ses coordonnées métapsychologiques et sa fonction à partir de la scène de l’« Hilflosigkeit » – matrice de représentations religieuses. L’idole sera saisie comme cette image perceptive qui sature le regard, annihilant ainsi le point aveugle qui instaure la perception à partir d’un point de manque (la Chose). Paradoxalement, cette passion pour l’idole se dévoilera comme un rempart contre le désir. Cette lecture permettra de mieux saisir la stratégie inédite de la religion monothéiste juive envers l’idolâtrie – celle de la dé-totalisation de cette figure qui ne supporte pas le manque. Enfin, pour comprendre en quoi l’idole est un phénomène spécifiquement adolescent, l’auteur propose une relecture de l’idée du trauma du sexuel, que le moment adolescent donne à voir.
Adolescence, 2013, T. 31, n°4, pp. 885-896.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7