Pour ce couple franco-ivoirien, pris dans une grande solitude sociale et élaborative, être parents se vivait douloureusement, dans un métissage traumatique qui réclamait un espace transculturel. Cet espace a permis de penser les parcours de vie de chacun, la migration, la confrontation des représentations culturelles (relatives aux enfants, la parentalité, la conjugalité…), mais aussi les liens et les places au sein de la famille.
Les auteurs, tous trois engagés dans des actions de soins dans les terrains de guerre auprès d’adolescents, dans le cadre de Médecins Sans Frontières, décrivent la sémiologie traumatique en tenant compte de deux paramètres qui entraînent une grande variabilité : l’âge et le contexte culturel. Ils montrent la complexité de la sémiologie à travers une histoire clinique. Enfin, ils analysent quelques paramètres importants à mettre en place pour reconnaître et soigner l’impact traumatique sur ces adolescents endoloris, tragiquement désespérés et qui parfois cachent cette souffrance sous le masque du héros, de la violence et de la transgression.
Les doutes diagnostiques sont fréquents chez les adolescents présentant des troubles psychiatriques aigus, qui plus est isolés et étrangers, avec un risque d’erreurs diagnostiques – et de soins inadéquats – tel qu’un excès de diagnostics de troubles psychotiques plutôt que de dépression ou de syndrome post-traumatique. Le parcours de soins de Lila, une adolescente de seize ans d’origine rwandaise, illustre cette problématique des erreurs diagnostiques ou misdiagnosis que l’accès aux études sur les errances diagnostiques et l’abord transculturel réduisent.
Adolescence, 2013, T. 31, n°3, pp. 625-632.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7