L’objet de cet article est l’étude du travail de conversion dans la dialectique portée par tout phénomène rituel. L’obligation est faite au sujet de changer, mais sans pour autant oblitérer la décision qui lui revient. L’auteur aborde l’effet de conversion comme une part active à l’égard de laquelle tout sujet confronté au rite est tenu de se prononcer. La conversion se manifeste à travers la recherche d’une autre façon de dire, susceptible de traduire à la fois la correspondance et l’écart existant entre la promesse d’un nouveau statut et le postulat de bases subjectales immuables. Car pour que la conversion permette au rite d’opérer, il faudrait conjointement un effet de chute avec, concurremment, le passage au crible d’un certain rapport à soi-même et au monde.
Un suicide est un acte énigmatique. C’est un acte hors sens, in-sensé. Qu’est-ce qui fait qu’un sujet ne peut sortir de l’aporie de l’alternative : « la bourse ou la vie » ?Comment dépasser la question de ce choix impossible ? L’être ou le sens ? É. Levé s’est suicidé après avoir écrit un livre qui s’est intitulé Suicide et qui relatait le suicide d’un de ses amis d’adolescence. À travers son livre iltente d’éclairer le mystère même de l’existence et du double qui rejaillit comme un écho imaginaire. Ne serait-ce pas d’ailleurs l’une des questions du suicide ?
Dans le contexte contemporain, caractérisé entre autres par la pénurie des chemins tracés vers l’autonomisation, des adolescents rivalisent d’originalité pour avancer en toute harmonie avec leur société de consommation et de l’image. Or, malgré leur absence de résistance, l’impératif d’affirmation de soi leur demande d’investir certaines dimensions de l’existence pour se préserver du sentiment d’hétéronomie. En investissant singulièrement la temporalité, notamment en s’adonnant à des actes de désynchronisation, en créant délibérément des situations d’urgence et en provoquant des expériences symboliques de l’ubiquité, des jeunes redéfinissent leurs rapports aux contraintes temporelles qu’imposent les rythmes de la vie collective. La temporalité apparaît alors comme un matériel de l’autonomie.
Depuis juin 2007, une équipe médico-psychologique (UCSA-SMPR) intervient au sein de l’établissement pénitentiaire pour mineurs de la région Rhône-Alpes. Psychiatre et psychologue proposent de revenir sur cette expérience en questionnant la temporalité du soin et les enjeux spécifiques à ce cadre institutionnel. Quels sont les objectifs du soin ? Comment penser la place des soignants dans une structure d’enfermement où le soin serait souhaité comme « auxiliaire » du système répressif-éducatif ? Comment permettre une élaboration des agirs du sujet et de l’institution ? Voici une réflexion en cheminement qui est au cœur d’une pratique où l’identité professionnelle est souvent malmenée.
Adolescence, 2013, 30, 4, 869-879.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7