Michael Jackson’s life was akin to a long one man show that ended when he was barely fifty years old. What did the adolescence of the star represent, for himself first of all ? Indeed, the physical transformations of puberty will for him generate massive anxieties, causing virulent and repeated attacks against his own body, finally leading to a genuine destruction of his physical appearance. His inability to accept these inherent elements of puberty were nevertheless counterbalanced by the sublimatory value of his artistic creativity. Thus the moonwalk, the artist’s true signature, an acted and performed expression, may be the translation of fantasy scenario closely tied to the trauma of puberty and maternal castration. Recourse to a phenomenon of « extimization » of internal reality could thus have manage to produce a sublimated actualization of fantasies transformed in the fire of his esthetic creation.
From a reading of Freud, this article focuses on the notions of idealization, ideal formation and Ego Ideal. The post-Freudian distinction between Ego Ideal and ideal ego is made explicit. The article concludes by distinguishing between idealization and sublimation.
L’existence de Michael Jackson s’apparente à un long one man show qui s’est achevé alors qu’il avait tout juste cinquante ans. Qu’a pu représenter, en premier lieu pour lui-même, cette adolescence de star à laquelle il fut convié ? Simultanément en effet, les transformations physiques de la puberté vont être pour lui génératrices d’angoisses massives, responsables d’attaques virulentes et renouvelées contre son propre corps, jusqu’au point de produire une véritable déstructuration de son apparence physique. L’impossibilité d’assumer ces éléments inhérents au pubertaire fut toutefois partiellement contrebalancée par la valeur sublimatoire de sa créativité artistique. Ainsi le moonwalk, véritable signature de l’artiste, expression agie et performée, pourrait être la traduction d’un scénario fantasmatique étroitement intriqué au traumatisme de la puberté et à la castration maternelle. Le recours à un phénomène « d’extimisation » de la réalité interne aurait ainsi réussi à produire une actualisation sublimée de fantasmes ainsi transfigurés au plus vif de sa création esthétique.
Au fil des textes freudiens, sont dégagées les notions d’idéalisation, de formation d’idéal et d’idéal du Moi. La distinction post-freudienne entre idéal du Moi et Moi idéal est explicitée. Le parcours se conclut par la distinction entre idéalisation et sublimation.
Lorsque la création adolescente ne parvient pas à reconstruire le Moi-je en tenant compte de la nouveauté pubertaire, le psychanalyste doit inventer une pratique spécifique ; soit un travail de construction auquel l’adolescent est susceptible de s’identifier. Lorsque la création adolescente n’est ni partageable ni partagée, la cure doit proposer un champ commun où peut se développer une perlaboration à deux au sein de laquelle les conditions (en règle infantile) de l’impasse (breakdown) sont imaginées ensemble.
Sont travaillés successivement : – les modalités de l’intervention, en particulier leur souplesse et leur limite ; – la différence de fait que l’adolescent apporte un matériel ou non ; – le processus en jeu dans les constructions du psychanalyste en l’occurrence la sublimation qui est mise en opposition avec l’emprise de l’idéal ; – l’implicite risqué de la déconstruction dans toute suggestion imaginaire de l’analyste.
Dans une première partie je propose de réfléchir à l’expérience religieuse telle qu’elle est racontée par certains adolescents lors de la célébration du « mystère ». Je rappellerai ensuite succinctement l’ordre sociétal établi par la religion. De cette confrontation entre « rite subjectif et objectif » il apparaîtra dans une deuxième partie la nécessité de situer leur rencontre au niveau plus profond qui est celui de l’altérité c’est-à-dire du lien intersubjectal. Le raisonnement suivra les témoignages de deux écrivains sur le mystère en question : celui de F.-R. de Chateaubriand et celui d’A. Gide.
L’auteur propose la mise en correspondance des nombreux adolescents martyrs et meurtriers de l’œuvre de l’écrivain Mishima avec sa vie, amenant une réflexion sur le masochisme et le sadisme compris comme l’après-coup d’expériences traumatiques précoces. Tant que Mishima a réussi à sublimer en réalisant une œuvre littéraire, le masochisme a pu être utilisé comme « gardien de vie » dans une tentative de dépassement du trauma et dans l’après-coup, porteur d’un message qui cherchait à s’élaborer, cependant l’écrivain semble avoir été ensuite débordé par le potentiel de destruction des pulsions de mort désintriquées, emporté par un masochisme mortifère jusqu’à faire œuvre de disparition, sans avoir pu panser les blessures narcissiques primordiales, ni la carence d’objet primaire.
Les auteurs abordent la problématique de la tentative de suicide d’une adolescente en lien à « une mère » défaillante dans sa qualité d’investissement, avec pour conséquence la constitution d’un trou dans la relation d’objet. La tension conflictuelle entre l’attrait objectal et la préservation narcissique a trouvé à s’exprimer par l’acte et le corps chez cette adolescente en grande souffrance identitaire.
Dans une tentative de colmater les brèches narcissiques provoquées par les défaillances de l’objet précoce, le recours à un objet d’addiction (violon) – entre accordage et accrochage –, a permis à cette adolescente d’éviter de se confronter à la perte, au vide en soi, et de mettre à distance tout autre investissement qui pouvait être menaçant pour son intégrité psychique. Les auteurs montrent comment une psychothérapie à médiation va favoriser l’engagement de cette adolescente dans un travail de troc et de deuil en appui sur la sublimation.
The creative work is at the center of the operation teenager, marked by the encounter with the opposite sex, the confrontation with the limits and narcissistic discomfort, but also disillusionment resulting from the promises and hopes childhood. This profound change opens the way for the creative act or creation. Emergence of originality, intense expression, the pursuit of ideals, exploring systems of thought, production of new cultural objects, care for staging, are characteristic lines of the artistic creation which meet in the process of creation of one that is the adolescence. The act of creation he would return to the process of adolescence as a paradigm of creative crisis ? Is it specific portion adolescent in order to bring the concerns and distractions of this period of life ?
Le travail de création est au centre même de l’opération adolescente, marquée par la rencontre avec l’autre sexe, la confrontation aux limites et au malaise narcissique, mais aussi aux désillusions qui résultent des promesses et des espoirs infantiles. Ce profond bouleversement ouvre la voie à l’acte créatif voire à la création. Émergence d’originalité, expression intense, quête d’idéal, découverte de systèmes de pensée, production d’objets culturels nouveaux, souci de mise en scène, sont des traits caractéristiques de la création artistique qui se retrouvent dans le processus de création de soi qu’est l’adolescence. L’acte de création renverrait-il au processus d’adolescence en tant que paradigme de la crise créative ? Est-il spécifique du passage adolescent pour y traduire les inquiétudes et les déchirements de cette période de la vie ? Ou bien, n’est-ce pas l’adolescence que ce vouloir créer pour devenir soi-même, à travers un mélange de volonté destructrice et de désir créateur ?
Adolescence, 2011, T. 29 n°1, pp. 87-111.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7