Le traitement débute quand le patient adolescent ou jeune adulte s’approprie la demande thérapeutique et formule un besoin de compréhension pour lui-même. Il s’agit pour cela de quitter un registre narcissique mis défensivement au premier plan dans les éléments du discours, qui masque la souffrance et le symptôme. L’adjonction au cadre initial psychothérapique d’une séance mensuelle de psychodrame a permis ici au transfert objectal de se manifester.
L’adolescence se marque par la rencontre du sujet avec le féminin et contient une potentialité passionnelle qui peut revêtir chez certains adolescents une forme se déclinant sur le mode du souffrir pour un autre. Le discours est centré sur un autre cause exclusive de la souffrance et renvoie selon-nous à la passion originaire. Le travail de la cure par le biais du transfert offrirait au sujet de pouvoir dépasser la passion originaire et exister en tant que sujet désirant.
Partiellement libérée dans le discours adulte, l’homosexualité continue d’être stigmatisée dans l’univers des jeunes mâles, dans la mesure même où elle renvoie à cette part de féminité insupportable à l’âge de la virilité. C’est dire combien la découverte d’une telle orientation sexuelle chez un adolescent de 11–15 ans demeure une épreuve à surmonter.
À l’adolescence le corps devient une surface de projection dont il faut contrôler l’apparence en le parant, le dissimulant, le maltraitant, etc. L’existence est une histoire de peau, une question de frontière entre le dehors et le dedans. L’entame corporelle porte la souffrance à la surface de soi, là où elle devient visible et contrôlable ; elle est un acte de passage bien davantage qu’un passage à l’acte.
L’article étudie l’hypothèse d’un désir d’emprise au cœur de toute relation pédagogique, et la relation d’emprise, quelle que soit la modalité qu’elle revêt, représente une véritable formation défensive, permettant d’occulter le manque dévoilé par la rencontre de l’autre. De ce scénario, se dégagent des règles communes à toutes les relations d’emprise : l’instrumentalisation de l’autre et l’impossibilité pour celui-ci de rompre le cycle d’échange dans lequel il donne plus qu’il ne prend, la rupture étant construite comme de l’ordre de l’injustifiable et supposant un passage en force, un acte de rébellion ou de violence. Comment les adolescents se maintiennent-ils comme sujets désirants dans l’école ? Comment échappent-ils à la relation d’emprise ? Dans sa relation ambivalente à l’autorité qu’ils construisent, quelles stratégies mettent-ils en œuvre ? Le questionnement articule l’interrogation philosophique et le regard sociologique.
Les conduites à risque sont des manières pour le jeune de lutter contre sa souffrance. Les modes de résolution des tensions sont multiples, elles impliquent notamment des pratiques culturelles comme le théâtre, la musique, le sport, etc. ou des rencontres. La psychothérapie d’inspiration analytique vaut surtout pour le jeune qui en accepte le principe. Mais elle implique un ajustement du cadre, et une implication du thérapeute. La qualité de la relation est aussi importante que le contenu des paroles échangées.
Adolescence, 2010, T. 28, n°4, pp. 781-793.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7