Chez l’adolescent, la demande de soutien à la mise en place d’une transition médicale va à l’encontre des théories psychanalytiques traditionnelles. Dans cet article, l’auteur fait état des métaphores les plus récurrentes, repérées dans les discussions sur la transition de genre. À partir des notions de contagion, de naturalité de genre et d’amputation, il tente de percer à jour les angoisses propres aux analystes d’une part, et à la psychanalyse en tant que champ théorique d’autre part.
L’auteure évalue ici les incidences dans la cure des premières expériences sexuelles des adolescents. Ces premières relations mobilisent des fantasmes d’agression car le lien entre sexualité et destructivité s’y incarne de façon privilégiée, même quand elles sont librement consenties. L’auteure fait l’hypothèse que la violence du sexuel infantile y est prégnante, réactivée par le caractère traumatique que revêt immanquablement la première relation sexuelle du fait de sa nouveauté radicale.
L’auteure aborde l’hypersexualité en tant qu’impossibilité répétée de contrôler un comportement sexuel visant à procurer du plaisir et par sa poursuite malgré ses conséquences négatives sur le plan physique, psychologique et social. Nymphomaniac(L. Von Trier), Jeune et Jolie(F. Ozon), La Tête haute (E. Bercot) ainsi que deux adolescentes ayant subi des abus sexuels ou des abandons dans leur enfance permettront de revenir sur les origines traumatiques de l’hypersexualité à l’adolescence.
Quelles sont les « traces vives » de l’adolescence de Freud dans sa théorisation psychanalytiques ? L’auteur de Freud adolescent, Florian Houssier, dialogue avec Philippe Gutton à ce propos. Bien que Freud ait travaillé sur la métamorphose de la puberté, il semble toujours rabattre la sexualité adolescente du côté de l’infantile ou de la névrose adulte. Pour Florian Houssier des occurrences dans la lecture de l’œuvre de Freud laissent penser qu’une part de son adolescence aurait été répudiée : scénarios, sensorialité, fantaisies masturbatoires…, Philippe Gutton répond sur la dimension « sexual » du pubertaire.
À partir d’un cas de cure psychanalytique de jeune adulte, cet article cherche à cerner les caractéristiques du passage, au-delà de l’adolescence, vers la vie d’adulte. Il s’agit d’une patiente de structure hystérique comportant une dimension psychosomatique et une propension à l’agir. La cure permit le développement après-coup d’un processus d’élaboration du pubertaire jadis empêché. La façon dont la multiplicité des pulsions partielles prégénitales infantiles peut être ressaisie dans une synthèse génitale « polyphonique » est étudiée. La subjectivation adulte se nourrit de la proximité du sexuel infantile, la meilleure façon d’éviter une structuration adulte défensive et inauthentique serait donc de tolérer en soi tout une part d’enfance et d’adolescence.
Ce sont les différences et les similitudes des théories de Freud et de Klein sur la sexualité infantile qui vont illustrer la vision qu’ont leurs successeurs sur l’adolescence.
Même si les positions théoriques divergent, elles peuvent s’enrichir pour une meilleure compréhension des processus adolescents et de la psychopathologie. L’auteur en donne un exemple à propos de l’importance de la théorisation de Moses et d’Eglé Laufer sur le breakdown et le vécu des expériences corporelles à l’adolescence et de celle des post-kleiniens à propos des mécanismes d’identification projective et introjective et l’analyse des fantasmes inconscients concernant les objets intériorisés.
Deux modes de théorisation se partagent les faveurs des cliniciens : celui qui s’appuie sur la théorie de l’attachement et celui qui prend la sexualité infantile comme emblème de sa construction. Ils paraissent l’un et l’autre offrir des bénéfices cliniques incontestables et semblent s’opposer. Il suffit peut-être d’attendre que l’élaboration du « narcissisme des petites différences » ait fait son œuvre pour qu’une troisième forme de théorisation subsume, sous un troisième énoncé, ceux qui paraissaient contradictoires ou antagonistes. Il s’agit de désigner les modalités particulières d’intériorisation de l’expérience subjective de la relation à soi-même et à l’autre, à l’autre en tant qu’il est même et différent ; et la pousser plus avant. Peut-on penser que la manière dont sera intériorisée l’expérience subjective est totalement indépendante de celle-ci ?
La désintégration progressive, dans nos sociétés modernes, des systèmes de parenté, et de la prohibition de l’inceste, nous permet une avancée théorique. Si ce double effacement a fait surgir, en dehors de tout système de parenté, le crime sexuel en tant que tel, c’est-à-dire l’abus sexuel “ entre les adultes et l’enfant ” (Ferenczi), cela pourrait être le signe de ce que l’interdit de l’inceste a de tout temps essayé de contenir, sans y parvenir complétement, la sexualité polymorphe et déliée, présente non seulement dans l’enfant mais dans l’inconscient infantile de l’adulte.
Cet article propose de considérer le thème de la migration comme la métaphore d’une opération psychique intérieure : la différenciation subjectalisante avec les premiers objets, qui se joue de façon décisive à l’adolescence. La question du sujet est reprise dans un dialogue avec les sociologues, les anthropologues, les historiens et les philosophes, jusqu’à envisager un sujet pluriel ouvert à la diversité des économies libidinales – caractérisée par la prégnance de la bisexualité psychique et du sexuel infantile, ici mis en regard avec la théorie des genres.
La migration introduit au métissage, ethnique, culturel, mais aussi psychique. Un exemple clinique de trouble psychique adolescent générant l’élaboration et la symbolisation d’une étrangeté interne illustre l’hypothèse : nous sommes tous des migrants.
Adolescence, 2013, T. 31, n°3, pp. 661-672.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7