L’auteure évalue ici les incidences dans la cure des premières expériences sexuelles des adolescents. Ces premières relations mobilisent des fantasmes d’agression car le lien entre sexualité et destructivité s’y incarne de façon privilégiée, même quand elles sont librement consenties. L’auteure fait l’hypothèse que la violence du sexuel infantile y est prégnante, réactivée par le caractère traumatique que revêt immanquablement la première relation sexuelle du fait de sa nouveauté radicale.
Parmi les activités supposées culturelles, le sport a été récupéré comme un objet de culture et d’éducation. La pratique sportive, qu’elle soit intensive, de compétition ou de (re)mise en forme, est un rejeton du surmoi culturel et représente le paradigme d’un phénomène plus général : la sévérité surmoïque culturelle. Ainsi, la solution sportive comme réponse au passage adolescent peut représenter une alternative exemplaire pour éviter le processus adolescent, en ce qu’elle colmate, plus ou moins efficacement, toute tension liée au trauma de cette rencontre sexuelle.
Fantasio et Léonce, les deux héros adolescents des comédies éponymes de Musset et Büchner, sont aux prises avec une temporalité immobile, synonyme d’ennui, de ressassement et de vide. Cette temporalité ouvre sur la mort, envisagée comme seule réalité dès lors qu’ils quittent le hors-temps édénique d’une enfance dont le fantasme de l’enfant mort serait le symptôme. Ce rapport désespéré au temps serait le signe du traumatisme que représente, à l’adolescence, la rencontre de l’objet génital. La mort serait mise en avant pour se protéger du sexuel, et la suspension du temps serait la stratégie dramatique mise au point pour “ retarder ” la rencontre amoureuse redoutée.
Un épisode de la vie de S. Freud, les fiançailles de sa fille Sophie avec Max, exemplifie la convocation des affects contre-transférentiels concernant l’identité et la perlaboration qui s’ensuit chez l’adulte quand les enfants acquièrent et affichent une possible sexualité génitale et éprouvent des sentiments amoureux.
L’amour et la mort, au lieu de s’opposer, se rencontrent parfois à l’adolescence. Dans Léonce et Léna, de G. Büchner, les héros adolescents éponymes évoquent la mort et les représentations qui lui sont associées, l’enfant mort ou le suicide, au moment où ils se rencontrent et tombent amoureux l’un de l’autre. La mort symbolise et condense la menace de perte que fait surgir la découverte de l’objet génital. Elle est convoquée par l’adolescent pour « refroidir » et contre-investir une pulsionnalité dont il redoute la coloration incestueuse.
Adolescence, 2010, T. 28, n°2, pp. 281-287.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7