Using studies of Schreber as a starting point, the author highlights one particular part of the paranoiac relation with the Other and others : « the other wants something from me » which is the structural model of human relations in the current civilisation driven by liberalism. This paranoiac relationship with our fellow-men builds a manner of relating to the act which offers total realisation of enjoyment, restricted only by impotence. The subject then finds himself inscribed in a relation with fellow-men which is made of violence, faced with the hindrances that everyday life in society imposes on thrill-seeking. The human relations turn into violence against the persecutory fellow-men. Teenagers, more than anyone else, bear witness to this new kind of social bond.
In this article, the clinical treatment of the act is used to show how adolescent psychopathology attests to the state of the social bond in which the afflicted adolescents are growing up. Extreme psychopathologies are thus viewed as the success of the modern political bond, the free market liberalism which promotes self-fulfillment through performances that enact limitless enjoyment and the refusal of the human malady: castration.
Dans cet article, à partir d’un cas clinique d’homosexualité féminine, l’auteur montre en quoi l’homosexualité adolescente, spécialement la féminine qui a posé question à la psychanalyse, peut être entendue comme une des voies normales de la rencontre de la jouissance du corps dans l’acte sexuel au temps pubertaire. Cela l’amène à poser des questions à propos des effets des discours sociaux sur le passage adolescent, et donc sur la place accordée, dans la modernité et la post-modernité, à l’homosexualité agie, et non “ sublimée ” comme l’écrivait Freud, comme une des formes possibles du lien social.
À partir d’un travail avec un adolescent pris dans la violence des luttes inter-ethniques, devenu guerrier à l’âge de dix ans, à la suite de l’assassinat de sa famille par l’autre clan, les auteurs interrogentcette mise en acte dans la réalité du meurtre du père et ses effets sur la place du sujet dans le lien social, ouvrant alors aux questions que pose la violence des jeunes de notre modernité comme “ réelisation ” du meurtre du père.
À partir d’un travail avec une adolescente qui se scarifie les auteurs proposent une lecture des passages à l’acte sur le corps comme tentative, différenciée selon les pratiques, de construire un objet du désir. Les scarifications procèdent à cette opération par la coupure, là où les piercings soutiennent celle-ci par l’excitation pulsionnelle, ce qui traduit un rapport différencié du sujet à l’Autre.
Distinguant d’abord les différentes formes de l’espace urbain (rues, passages, etc.) en fonction de leurs usages historiques ou présent, et dans un deuxième temps le vécu différencié de l’espace public dans les différents temps de la vie (enfance et âge adulte) l’auteur pose l’hypothèse que notre urbanisme moderne ne permet plus à l’adolescent de faire le passage entre vécu infantile de la rue (marqué par la rêverie interne) et vécu adulte (marqué par différenciation et la nomination). Les adolescents alors tentent de rejouer ce passage entre intime et public, mais ne trouve pas de réponse dans les lieux anonymisés de la modernité, sauf celles de la stigmatisation comme réponses à une quête éperdue de reconnaissance.
Le soutien au père œdipien apparaît dans la clinique actuelle de l’adulte et de l’adolescent une donnée fortement présente. L’auteur analyse ce rapport au père comme un refus du passage pubertaire qui nécessite de faire déchoir le père, pour mieux pouvoir ensuite s’en servir dans ses rapports adultes à la jouissance et au plaisir. Le lien social actuel qui fait du père et de son déclin le centre de la « transformation » du monde construit ainsi une impasse pour le sujet dans son passage à l’âge adulte.
En s’appuyant sur une cure d’adolescente, l’auteur interroge une découverte fondamentale du temps de l’adolescence : celle de la féminité en soi, jusque-là ignorée du sujet, tant pour le garçon que pour la fille. Cette “ féminité en soi ” s’inscrit pour le sujet, hors de ce qui l’a constitué enfant en tant qu’être sexué. La sexualité infantile s’appuie sur le primat du phallus qui borne le rapport aux autres. L’adolescent, sous la poussée pubertaire, en vient à refuser ce primat phallique comme régulateur du rapport au monde, comme limite de la sexualité, comme point d’arrêt de la jouissance. Cet “ au-delà ” de la dimension phallique correspondant à la féminité en soi, qui est un mode de jouissance non entièrement marqué de la limite phallique, un passage obligé par la logique inconsciente pour constituer une relation amoureuse hétérosexuée. La rencontre de LA différence, celle qui résume toutes les différences, n’est pas sans difficulté pour les adolescents. Ce détour par le féminin, errance nécessaire, peut aussi être la cause d’errances sociales et psychiques importantes pour les jeunes.
Le sida s’inscrit comme un retour de la mort dans la sexualité, après la fulgurance du tout jouissance des années de la » libération sexuelle « . Il vient marquer le passage à la sexualité génitale adolescent d’une tonalité différente qui n’est pas sans évoquer celle des adolescentes freudiennes, Dora en particulier. Ce retour de la mort dans le sexuel génital explique les nouveaux comportements sexuels des adolescents (fidélité, des bébés-couples, viols collectifs) mais teinte aussi toute cure d’adulte d’un rapport au couple et à l’amour différent, faisant du sida un réel objet du fantasme.
À propos de la prise en charge d’une adolescente « incasable » dans un centre d’accueil d’urgence, l’auteur développe une lecture des troubles narcissiques primaires qui reposent sur un trouble de la construction de l’image psychique de la mère pour le sujet. C’est alors le corps, le sien et celui de l’autre, qui fait fonction de « contenant » dans la relation, entraînant face aux interdits, une réponse en acte et non pas dans le langage. La prise en charge de ce type d’adolescent implique la reconstruction, sous transfert, d’une image de mère intériorisée et par là même de faire du corps archaïque, un corps pris dans le langage et dans les signifiants.
Adolescence, 1998, T. 16 n°1, pp. 291-303.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7