À partir d’un cas clinique, nous soutenons que l’agir sexuel violent est l’expression condensée d’un processus d’adolescence ponctué d’emprises et de tentatives de déprises. En appui sur l’analyse des mouvements transférentiels, nous développons l’idée selon laquelle l’agir témoignerait d’une tentative de déprise de l’enfermement (narcissique et objectal), tentative que le transfert tente de soutenir, mettre au travail et transformer, sur la voie de la symbolisation.
Que vit un corps derrière l’écran ? L’écran sert autant à dévoiler qu’à masquer. Nous interrogerons au travers de deux vignettes cliniques de séance en visioconférence la question de la présence et de la circulation des sens de part et d’autre de l’écran. Voir le monde assis derrière son écran, est-ce véritablement la même chose que de prendre part à ce monde ? Voir ou habiter faudrait-il choisir ?
Dans le cadre des autismes peu de travaux se sont intéressés jusqu’à présent à essayer de caractériser comment le processus adolescent agit sur ces sujets. Dans cet article, nous proposons une lecture de certains concepts fondamentaux issus de l’œuvre de Freud et Philippe Gutton concernant l’adolescence à l’aune des connaissances concernant l’autisme en se basant sur les travaux de G. Haag, R. Roussillon, D. Meltzer, M. Rhode et D. Anzieu qui permettent d’appréhender le fonctionnement archaïque.
Dans cet article, l’auteur prend appui sur Les Vagues de Virginia Woolf pour interroger le statut de la sensorialité à l’adolescence. En mettant en perspective les modalités particulières de l’écriture de Virginia Woolf, qualifiées d’écriture de la sensorialité, l’article éclaire les liens entre sensorialité, continuité d’être, redéploiements identificatoires et subjectivation de la perte à l’adolescence, entrevus notamment à travers les relations des protagonistes au personnage clef de Perceval.
À partir de la clinique d’une adolescente reçue en consultation pour symptômes hallucinatoires, nous proposons une lecture de ses expressions subjectives selon une perspective temporelle. Nous axerons notre réflexion sur l’actualisation de liens primaires où la sensorialité peut devenir une voie de conquête vers la subjectivation. De ce fait, nous interrogerons la place de l’environnement actuel de l’adolescente comme étayage dans ce travail.
Le travail du négatif à l’adolescence est présenté comme une participation de l’alexithymie en tant qu’évitement d’une sensorialité traumatique. Aussi, l’adolescence peut se comprendre non seulement comme réactivation œdipienne, mais encore comme risque de surgissement sensoriel ressemblant à celui du début de la vie. Une clinique à partir de la sensorialité est alors à envisager.
L’accompagnement des nouveaux éprouvés corporels et de leurs fluctuations au moment du passage pubertaire chez les jeunes autistes permet d’ouvrir de nouvelles modalités d’apaisement face à l’effraction pulsionnelle. Le passage pubertaire qui donne l’occasion d’un éveil sensoriel dans le bas du corps peut ainsi participer à relancer la construction d’un moi corporel inachevé et rend par la suite le jeune autiste plus disponible à un intérêt spontané pour la relation aux autres.
À partir d’étranges formations sensorielles et de théories d’allure délirante dans certains passages adolescents, sont présentées les notions de « créations d’enveloppes sensorielles paradoxales » et de « théories fantastiques de l’adolescence ». Le recours à la sensorialité n’est ni un déficit ni une régression, mais une création paradoxale – protectrice et persécutrice – qui permet d’élaborer dans le transfert les traces refoulées du sexuel infantile inconscient, articulées aux compositions corporelles et fantasmatiques propres à l’adolescence.
Le processus d’adolescence engage des remaniements identitaires et identificatoires qui nécessitent un travail de psychisation indispensable pour assurer un sentiment de continuité. Son achoppement fait courir au sujet le risque de la domination par la « fonction désobjectalisante » de son économie psychique, obturant par là même toute forme de créativité et d’expression du vivant. Le travail de l’analyse pourrait alors emprunter la voie de la sensorialité à partir du déplacement dans le transfert des impressions sensorielles non assimilées, au plus près du « corps de l’indicible », entre impasse et créativité.
Le processus adolescent, par le remaniement inconscient qu’il suppose, implique l’intégration d’une sensorialité nouvelle, sans correspondance dans le symbolique hérité de l’enfance, et qui correspond à l’avènement du Féminin (Autre sexe) et à la jouissance Autre. Elle est un effet de réel pubertaire, un réel dont la question du devenir définit le temps adolescent. Comment passer de celui-ci à un objet pris dans la réalité, inscrit comme cause du désir et intégré dans les contraintes du champ social ?
Adolescence, 2014, 32, 4, 745-756.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7