Partant de deux cas cliniques contrastés, cet article propose une exploration anthropologique des conceptions contemporaines de la jeunesse. Celles-ci sont liées à l’ouverture des lieux d’enfermement et à la valorisation de l’autonomie individuelle. Elles se distribuent de façon inégale selon le milieu social et le genre. Face au péril environnemental, le rabattement des capacités individuelles sur la consommation des ressources et le dualisme entre culture et nature deviennent problématiques.
Le présent article est la recension d’un ouvrage réunissant des cliniciens japonais et français et dont le thème est l’étude du retrait adolescent ou hikikomori. Ce travail ouvre à un partenariat à développer entre Japon et Europe, afin d’apprécier les invariants et les spécificités de ces conduites au cours de l’adolescence.
Les expertises en matière de santé mentale effectuées à l’INSERM ont donné lieu à bien des débats et posé de graves problèmes. L’auteur plaide pour que le modèle (pédo)psychiatrique conserve une place originale et présente les nouvelles ouvertures proposées en ce sens pour l’élaboration des futures expertises collectives de l’INSERM.
Le « malaise dans la société » est moins un point de départ de l’analyse sociologique qu’un problème à élaborer et à clarifier. L’auteur propose de remplacer l’idée individualiste que la société cause des souffrances psychiques par l’idée sociologique que la souffrance psychique est aujourd’hui une forme d’expression obligatoire, c’est-à-dire attendue, du mal social. Cela le conduit à l’hypothèse qu’avec la santé mentale, on assiste à une généralisation de l’usage d’idiomes personnels pour donner forme et résoudre des conflits de relations sociales. Ces jeux de langage consistent à mettre en relation malheur personnel et relations sociales perturbées à l’aune de la souffrance psychique, unissant ainsi le mal individuel et le mal commun. À partir de là, il développe l’hypothèse que, brouillée dans le malaise, se joue une crise de l’égalité à la française, c’est-à-dire d’une égalité conçue essentiellement dans les termes de la protection, et une protection en termes de statut, sur le modèle de la fonction publique, alors que l’égalité d’aujourd’hui, et donc la lutte contre les inégalités sociales, se joue dans les termes de la capacité.
Adolescence, 2011, T. 29 n° 3, pp. 553-570.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7