L’adolescence est souvent considérée comme un passage. Or, dans toutes les cultures, des façons de régler et de réguler les difficultés de passage d’un statut à un autre – dont le passage adolescent – sans trop d’angoisse pour les novices et pour les adultes déjà initiés, existent.
Dans nos sociétés dites modernes, complexes et métissées le risque pour les adolescents de se perdre et de rester en marge semble plus grand.
Nous voudrions clarifier les notions de rites de passage et en rappeler la définition et les fonctions à partir de l’apport d’A. Van Gennep.
Les rites d’initiation sont caractéristiques de l’adolescence et parmi les plus fortement organisés qui soient, mettant en jeu le corps et tout ce qui tourne autour de la sexualité. Les rites correspondent à un aménagement des menaces qui pèsent sur le sujet et sur le groupe. Ils sont faits pour soutenir le sujet et l’intégrer dans le monde des adultes. Ils doivent par leur ambiguïté même répondre à cette situation paradoxale, d’être soi-même demandeur de ce que les autres en fait imposent. Ils permettent une co-création par le groupe et l’individu d’un espace commun de médiation. Ils évitent ainsi la violence potentielle de la confrontation narcissique des territoires. Ils s’expriment par l’agir mais ouvrent la voie à une confiance partagée, fondement de la symbolisation.
La Confirmation forme avec la Baptême et l’Eucharistie un des trois sacrements de l’initiation chrétienne pour la religion catholique. À travers le cheminement d’une adolescente en psychothérapie, la notion du rite est remise en question dans son articulation avec le processus d’adolescence. D’une part, la Confirmation exerce une fonction symbolique par la référence à l’Esprit Saint avec des gestes et des paroles qui inscrivent le sujet adolescent dans une communauté. Elle marque une évolution dans la foi. Elle permet une certaine appropriation de la subjectivation adolescente dans les questionnements autour de l’identité, du paradoxe mort-vie. Elle favorise la filiation par la différence des générations, elle apporte un étayage par les représentants qui transmettent un héritage, elle propose de nouvelles responsabilités. D’autre part, elle ne prend pas en compte les transformations de la puberté comme intégration du corps sexué dans la différence des sexes et elle semble rester dans le registre de l’idéalisation.
Adolescence, 2010, T. 28, n°3, pp. 529-544.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7