Archives par mot-clé : Représentation

Nathalie de Kernier, Yuichiro Abe : heroic murder and hybrid identity in adolescence

The hero in adolescence appears regularly in clinical practice and in literature. The infans seems to be a necessary figuration of the adolescent’s hybrid identity, a necessary passage for getting free of its control. This breaking free implies a symbolic, and particularly heroic, murder. The passage to the act should be understood as a quest for the symbolization of this murder.
Adolescence, 2013, T. 31, n°2, pp. 393-407.

Philippe Bessoles : état post-traumatique et facteurs de résilience

La notion de résilience apparaît heuristique pour l’étude des pathologies post-traumatiques. Dans un emprunt à l’épistémologie des sciences physiques comme qualifiant la résistance des métaux aux chocs, nous proposons de penser les processus résilients en psychopathologie clinique comme des organisateurs psychiques capables de promouvoir la représentabilité du traumatisme. En cela, la capacité résiliente d’une personne victime s’appréhende en logique d’économie placée à la convergence des réinvestissements objectaux, des enveloppements psychiques primaires et de l’inscription psychosensorielle des données de l’expérience traumatogène. La promotion de la pérennité de l’organisation sensorielle semble la forme basale des processus résilients avant la scénarisation fantasmatique. Le trauma psychique peut se penser alors comme un équivalent de scène originaire où la douleur ne fait pas seulement signe d’anéantissement mais d’une réparation – certes douloureuse – des enveloppes formelles du lien objet/sujet. La caducité de l’expérience traumatogène, au travers du scénario fantasmatique, supplante l’excès de réel qui sidère la personne victime. Cette nécessaire traversée du sensible traduit un lestage du trajet psychique préalable à un travail de la pensée du traumatisme.

 

Juan Eduardo Tesone : le tatouage et le bouclier de Persée

À la manière de l’image d’un rêve, le tatouage est avant tout l’expression graphique de la production psychique du sujet. Le tatouage volontaire devient un acte de langage à mi-chemin entre une écriture qui s’approche du hiéroglyphe, avec ses symbolismes, et le discours parlé. Représentation substitutive, l’image inscrite sur la peau acquiert une valeur d’ersatz du monde interne du sujet, pas nécessairement métaphorisé. L’excitation pulsionnelle est à la recherche de représentations. Quand ces dernières sont défaillantes, l’inscription d’une image sur la peau peut avoir statut de fonction substitutive. À mi-chemin entre la représentation psychique et l’objet externe, dans un entre-deux pas totalement au-dehors mais pas non plus au-dedans. Pour Nicolas, son tatouage, comme le bouclier de Persée, reflétait le regard d’un autre qui pourrait lui rappeler la différence des sexes, se sentant ainsi protégé de sa crainte de rester pétrifié par sa propre angoisse de castration projetée. C’était une fonction métapsychologique pour border le vide représentationnel vers lequel il craignait d’être aspiré et pour protéger son moi corporel d’y tomber par la même occasion, reforçant son système de refoulement vacillant.

 

Marielle Sœur : Hallucination négative de l’environnement d’écriture et d’investissement du latéral chez l’adolescent

Chez les adolescents dont le système pare-excitation est défaillant, l’écriture ne peut plus remplir sa fonction économique. Certains patients décrivent avec minutie l’environnement dans lequel ils écrivent, puis l’hallucinent négativement pendant une longue période: cet environnement figure dans la réalité externe les traces mnésiques des modalités de défaillance du pare-excitation maternel repéré d’abord dans la qualité des premiers échanges avec la mère. Cette figuration contient en puissance l’interprétation à venir. Parfois ce phénomène se double d’un investissement latéral du transfert sur le cadre. Tant que la question économique et le risque de décompensation restent majeurs, cet étayage est à respecter jusqu’à ce que le temps de la représentation apparaisse.

Philippe Jeammet : la violence à l’ adolescence. Défense identitaire et processus de figuration

La violence comporte une dimension meurtrière. Elle nie la subjectivité de celui qui la subit, mais elle reflète en miroir une menace sur la subjectivité de celui qui l’agit. Elle peut être vue ainsi comme une réaction primaire de défense d’une identité menacée. L’expérience de la vie institutionnelle en psychiatrie, comme les psychothérapies des sujets ayant des troubles du comportement, sont un terrain d’observation privilégiée.

L’adolescence est une étape de la vie propice aux expressions de la violence du fait de la nature des changements psychiques imposés par la puberté.

La relation de soin doit tenir compte de ces particularités du fonctionnement psychique des patients violents. L’espace de soin peut être vu comme une figuration de l’espace psychique interne du patient et son aménagement comme un moyen de rendre tolérables les relations dont ils ont besoin. Les médiations et la concrétisation d’une fonction tierce occupent une place essentielle dans cet aménagement.

 

Adolescence, 1997, T. 15 n°2, pp. 305-321.

Nathalie De Kernier, Yuichiro Abe : meurtre héroïque et identité hybride à l’adolescence

Le héros à l’adolescence surgit régulièrement dans la clinique et dans la littérature. L’infans apparaît comme une figuration nécessaire de l’identité hybride de l’adolescent, passage nécessaire pour se défaire de son emprise. Cette déprise implique un meurtre symbolique, particulièrement héroïque. Le passage à l’acte est à entendre comme une quête de symbolisation de ce meurtre.

Adolescence, 2013, T. 31, n°2, pp. 393-407.