Au fil de la rencontre avec une adolescente placée dans un cadre judiciaire, nous interrogerons l’intrication de la violence subie à la violence agie, et leurs modalités de répétition. Après avoir exploré les registres dans lesquels s’inscrit la répétition, nous envisagerons le destin des motions entravées. L’acte et son achoppement dans la violence pourraient alors s’entendre comme des errances du féminin. Nous conclurons par quelques réflexions autour de la prise en charge de ces problématiques.
The first sexual intercourse of the adolescent is a specific moment when his being-in-the world changes (i.e. His relationship to the world),stamping its traces within both his body and psyche. Being utterly constituent of his future as an adult, it does not however makes him totally an adult as such. With référence to the load of excitement it carries with it, one may consider it as both some kind of necessary and building trauma in the evolution of the subject, hereby violently confronted to the fundamental question of his desire and enjoyment.Supporting myself on some specific reading and understanding of freud’s approach of trauma, repetition and the death instinct, i will suggest that one might view such a « trauma » of the first intercourse at adolescence as some kind of « perspective object » for the psyche, enacting some « anticipatory repetition » : the latter enabling to thwart the destructuring aspects of such a trauma for the psyche, e.g. Softening its load of excitement by « partly » elaborating – through the repetition(s) included in such an act – the traumatic effect of the unexpected surge of the other in oneself, i.e. The very other revealing itself in the acute moment of excitement with which the adolescent will have to deal with in order to become an adult. Such a question will be illustrated with the case of an adolescent whose obsessional symptoms and their symptomatic unfolding in psychotherapy may be retrospectively understood as caught within that very « anticipatory repetition ».
The rite is an object at the crossroads of the fields of anthropology and psychoanalysis. We will be careful to emphasize what differentiates it from habit or repetition. The rite is a passage and an experience. If it is a rite of passage, then it allows for changes of otherness, and also helps bind the subject to the sexual law and the collective mythology. Adolescence in Western societies, which tends to spread throughout the world, is developing new trends and ways ritualizing as the symbolic frameworks between rite and myth tend to become disjointed. The author raises the question of the psychical functions of rituality in adolescence.
Female patients suffering from anorexia nervosa often have their own specific way of dealing with learning and knowledge. It is therefore observed that the school or university environment becomes a good place for expression, stage setting and repetition of anorexic symptoms. We shall pinpoint the impasses and the attempts at care-giving on specific occasions in these pathologies where food and school alienation go together.
Le premier rapport sexuel de l’adolescent constitue un moment particulier de changement de son être au monde (de son rapport au monde) inscrivant ses traces dans son corps comme dans sa psyché ; pleinement constitutif de son devenir adulte il ne fait pourtant pas non plus forcément de lui un adulte. Au regard de la charge d’excitation qu’il porte, on peut le considérer comme un traumatisme à la fois nécessaire et constructif dans l’évolution du sujet, ici vivement confronté à la question fondamentale de son désir et de sa jouissance.
En s’étayant sur une certaine lecture de la question du traumatisme, de la répétition et de la pulsion de mort chez Freud, je proposerai de voir ce « traumatisme » du premier rapport sexuel de l’adolescent comme une sorte « d’objet de perspective » pour la psyché, mettant en jeu une « répétition anticipatrice » ; celle-ci permet de déjouer les aspects déstructurants pour la psyché de ce « traumatisme » ; notamment elle en en atténue sa charge d’excitation, en élaborant « partiellement » et préalablement par la ou les répétition(s) incluse(s) dans cet acte, l’effet traumatique du surgissement inattendu de l’Autre en soi, l’Autre soi-même qui se révèle dans le moment aigu de la jouissance et avec lequel l’adolescent, pour son « devenir adulte » va avoir à faire. Cette question sera illustrée par le cas d’un adolescent où les symptômes obsessionnels et leur déploiement fantasmatique dans la psychothérapie pourraient être entendus rétroactivement comme pris dans cette « répétition anticipatrice ».
Les patientes souffrant d’anorexie mentale entretiennent souvent un lien particulier à l’apprentissage, aux connaissances et au savoir. Il est ainsi fréquent de constater que le milieu scolaire ou universitaire devient un lieu d’expression, de mise en scène et de répétition des symptômes anorexiques. Nous repérerons les impasses et les tentatives de prises en charges spécifiques, dans ces pathologies où aliénation alimentaire et aliénation scolaire se jouent en parallèle.
Le rite est un objet au carrefour des champs de l’anthropologie et de la psychanalyse. Nous serons attentif à souligner ce qui le différencie de l’habitude ou de la répétition. Le rite est un passage et une expérience. S’il est rite de passage, alors il permet des changements d’altérité et aussi de relier le sujet à la loi sexuelle et à la mythologie collective.
L’adolescence occidentale, qui tend à se généraliser de par le monde, développe des tendances à des ritualisations nouvelles à mesure que les encadrements symboliques entre rite et mythe tendent à se disjoindre. L’auteur pose la question des fonctions psychiques de la ritualité à l’adolescence.
L’adolescence est souvent considérée comme un passage. Or, dans toutes les cultures, des façons de régler et de réguler les difficultés de passage d’un statut à un autre – dont le passage adolescent – sans trop d’angoisse pour les novices et pour les adultes déjà initiés, existent.
Dans nos sociétés dites modernes, complexes et métissées le risque pour les adolescents de se perdre et de rester en marge semble plus grand.
Nous voudrions clarifier les notions de rites de passage et en rappeler la définition et les fonctions à partir de l’apport d’A. Van Gennep.
Adolescence, 2010, T. 28, n°4, pp. 861-871.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7