L’enfer est le lieu du remords se cachant sous le masque de la culpabilité. Il stigmatise “ l’angoisse d’éternité ”, plainte du patient Judas plongé dans l’irreprésentable et la fixité du temps. Sa position psychique est celle d’une identification féminine homosexuelle par rapport à une mère archaïque, retour du mort. L’enfer éternel est figé dans l’emprise de figurations religieuses originaires reliées aux imagos parentales dans la culture religieuse.
L’expérience mystique peut traverser le processus d’adolescence, éventuellement structurer ce remaniement en y apportant une issue temporaire ou définitive. Elle n’endigue pas les fonctionnements plus ou moins pathologiques mais y donne sens. La » belle » Violaine ressuscite l’enfant mort de sa sœur, la » mauvaise » Mara. La lépreuse y aborde son fantasme d’humiliation par celui de renaissance dans un processus d’idéalisation nécessaire pour gérer la violence pubertaire.
à partir d’un cas de cure pour troubles obsessionnels et à travers les échanges de thérapeutes au cours du Séminaire de Psychothérapie de l’Adolescent, il s’agit de repérer ce que sous-tend la question de la conquête de l’identité et le problème de l’homosexualité à l’adolescence. Le « fantasme du pale », en référence à la figure religieuse identificatoire de saint Georges, permet d’organiser les élaborations théorico-cliniques.
Dans ce numéro « Idéal & idole », les auteurs ont été amenés à décliner les différentes variations qui éclairent la dynamique des rapports entre idole, idéal et idéal religieux. Sont abordés les relations entre incarnation et désidéalisation, la puissance transformatrice de l’idéal et le « moment religieux » du Moi. En focalisant sur sa figure historique le mythe d’une enfance idéale et éternelle, Michael Jackson nous contraint à repenser la fonction postmoderne de l’idole à l’adolescence.
Le religieux exprime le monde interne de chacun à la recherche de figurations de son origine collective. Les imagos sont des représentations des liaisons entre le plus intime des perceptions inconscientes et les affects originaires : elles résultent de la mémorisation de ce que le tout jeune enfant perçoit des « personnages » de son environnement et de leurs relations. Le pubertaire amorcera la reviviscence de ces personnages dont l’adolescence modifiera les relations fantasmatiques ; le religieux, pourra donner une forme et un contenant à ces recompositions imagoïques ; comme passage, il peut ainsi conduire à une plus grande liberté intérieure.
Dans une première partie je propose de réfléchir à l’expérience religieuse telle qu’elle est racontée par certains adolescents lors de la célébration du « mystère ». Je rappellerai ensuite succinctement l’ordre sociétal établi par la religion. De cette confrontation entre « rite subjectif et objectif » il apparaîtra dans une deuxième partie la nécessité de situer leur rencontre au niveau plus profond qui est celui de l’altérité c’est-à-dire du lien intersubjectal. Le raisonnement suivra les témoignages de deux écrivains sur le mystère en question : celui de F.-R. de Chateaubriand et celui d’A. Gide.
Que signifie initiation dans le vocabulaire de la théologie chrétienne ? Ce mot est-il l’équivalent des rites d’initiation des religions anciennes, dans lesquelles le souci premier est d’insérer les jeunes dans la réalité de la vie sociale adulte ? Le christianisme propose une autre vision de la question : l’initiation ouvre à une vie nouvelle, le Royaume de Dieu et elle s’accomplit par le moyen des sacrements. En affirmant cela, l’Église propose une clef pour évaluer la relation spécifique entre le monde présent (la « nature ») et l’irruption du monde nouveau (le « Royaume de Dieu ») : la nature est signe de la grâce. Rupture autant que nouveauté, l’initiation établit un rapport d’altérité entre les deux domaines, comme un signe est tout entier orienté vers l’altérité de la réalité qu’il a mission de désigner.
Le rite est un agir social programmé et répétitif. Le rituel est un ensemble organisé de gestes et de paroles dans lequel ce qui va parler nous dépasse. Le rite est un agir symbolique qui permet à chacun de se situer comme sujet dans son rapport au monde et à son propre monde. Le sacrement est un point de rencontre entre deux désirs et rejoint les questions sur l’adolescence : désir de Dieu de partager sa vie avec l’homme et désir de l’homme qui se reconnaît rejoint et qui l’atteste par un geste.
La Confirmation forme avec la Baptême et l’Eucharistie un des trois sacrements de l’initiation chrétienne pour la religion catholique. À travers le cheminement d’une adolescente en psychothérapie, la notion du rite est remise en question dans son articulation avec le processus d’adolescence. D’une part, la Confirmation exerce une fonction symbolique par la référence à l’Esprit Saint avec des gestes et des paroles qui inscrivent le sujet adolescent dans une communauté. Elle marque une évolution dans la foi. Elle permet une certaine appropriation de la subjectivation adolescente dans les questionnements autour de l’identité, du paradoxe mort-vie. Elle favorise la filiation par la différence des générations, elle apporte un étayage par les représentants qui transmettent un héritage, elle propose de nouvelles responsabilités. D’autre part, elle ne prend pas en compte les transformations de la puberté comme intégration du corps sexué dans la différence des sexes et elle semble rester dans le registre de l’idéalisation.
Adolescence, 2010, T. 28, n°3, pp. 529-544.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7