Les débuts de traitement d’adolescents ou de jeunes adultes confrontent à des éprouvés de transfert d’emblée fortement mobilisés. L’excitation pulsionnelle et l’ambivalence caractérisent la situation analytique et les résistances renforcées par la crainte de trahir les objets d’amour originaires. La cure d’un jeune homme obsessionnel de vingt-trois ans, et sa mise en perspective avec L’Homme aux rats soutiennent cette hypothèse.
Le dégoût tel qu’il est exprimé chez une adolescente sera étudié comme l’expression de mouvements subjectifs créatifs. Nous étudierons son évolution dans le processus thérapeutique. Le dégoût sera un moyen d’entendre l’intrication pulsionnelle de cette jeune fille. Nous examinerons le dégoût dans ses liens archaïques et génitalisés.
Les souffrances de la solitude, qu’on lie en général à l’isolement, mais qui sont aussi de nature dépressive, pourraient être rattachées à cette conduite – infantile et adulte – de bouderie, laquelle consiste à feindre certains types de souffrance afin d’exercer un chantage sur autrui. La bouderie a des effets physiologiques nocifs ; elle comporte aussi des bénéfices secondaires (particulièrement visibles chez le Rousseau des Rêveries du promeneur solitaire) ; elle risque enfin de déclencher des refoulements entraînant la disparition de son sens et transformant une conduite « voulue » en un ensemble de symptômes subis. La restitution du sens originaire de cette conduite pourrait fournir des arguments à une psychanalyse qui insiste sur la dimension du « sujet ».
La possibilité d’une psychanalyse à l’adolescence pose la question de l’existence de la psychanalyse chaque fois que le refoulement sera secondaire dans la problématique des patients. Autour des concepts de subjectivation et d’agent subjectivant, cet article se propose de décrire les grands principes d’une pratique possible de la psychanalyse de l’adolescent.
Adolescence, 2011, T. 29 n°2, pp. 271-280.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7