L’adolescence se caractérise par un besoin d’étayage sur la réalité externe. Dans le cas d’une catastrophe sociale et psychique comme la Shoah, la destruction de la réalité externe prive le sujet d’étayage, le laissant ainsi aux prises avec une réalité interne vécue comme destructrice. En l’absence de structures médiatrices comme le groupe des pairs ou l’école, l’adolescent aura recours à des mécanismes comme la répression des affects ou le déni, dont le maintien prolongé marquent de façon indélébile son devenir psychique.
Une unité de psychothérapies a été mise en place à la Maison des Adolescents de l’Hôpital Cochin pour permettre de proposer à certains adolescents une psychothérapie psychanalytique.Si le bien fondé d’un travail psychanalytique à l’adolescence, comme l’articulation d’objectifs psychothérapiques et analytiques, font débat, les aménagements induits dans la pratique par certaines spécificités de l’adolescence s’inscrivent dans le mouvement créatif d’évolution et de diversification des pratiques psychanalytiques. Il appartient toutefois aux psychothérapeutes psychanalystes de formaliser leurs pratiques, pour pouvoir les décrire, les soumettre au travail de pensée entre pairs, et les porter aux débats psychanalytiques plus généraux pour assurer, par la compréhension des différences et la reconnaissance des éléments communs, la fécondité de l’abord psychanalytique de la souffrance adolescente.
Adolescence, 2012, T. 30, n°2, pp. 369-379.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7