L’auteur s’appuie sur un précédent ouvrage relatant la place du remords dans l’analyse d’un adolescent devenu meurtrier pour relire et réinterpréter la place de cet affect dans les textes où Freud témoigne de son auto-analyse. Il en dégage une théorie implicite, qui rejoint la théorie explicite, à peine ébauchée, et il souligne en particulier la face active et positive de cet affect présenté le plus souvent comme un handicap. Il montre ensuite les différents visages que prend le remords dans la clinique de l’adolescent en partant des principales caractéristiques qui se sont dégagées des analyses précédentes, de façon à en faciliter le repérage, la prise en compte et l’évolution. Cette étude veut aussi contribuer à mieux différencier les affects majeurs et à montrer comment se positionner quand l’un d’entre eux apparaît central et dominant, qu’il s’agisse de la honte, de la culpabilité, de la tristesse ou du remords.
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Gérard Bonnet : du héros tragique au héros ordinaire
Homère privilégie deux types de héros : celui d’Achille dans l’Iliade, qui magnifie le combat à mort et a fait bien des émules au cours de l’histoire, et puis celui qu’incarne Ulysse dans l’Odyssée où le héros s’illustre en déjouant les obstacles qu’il rencontre sur la route du retour vers son lieu d’origine. D’un côté nous avons une lutte duelle qui certes entraîne la notoriété, mais provoque la destruction de l’une des deux parties en présence, et de l’autre, un combat de tous les instants du héros pour sauver sa vie et retrouver sa place dans la cité. Le premier privilégie le regard et se soumet aux exigences du paraître, le second au contraire s’en prend d’abord à l’œil qui le domine et en démonte les rouages pour se donner un nom. Le processus adolescent participe de ces deux parcours à la fois, et suppose le dégagement progressif de l’emprise du voir qui fait miroiter l’idéal. En se référant à diverses œuvres littéraires, l’auteur montre à quelles conditions cette évolution est possible.
Adolescence, 2013, T. 31, n°2, pp. 313-326.