Agnès, la cinquantaine, envisage de terminer son analyse, mais voudrait comprendre pourquoi elle garde toujours au fond d’elle-même l’impression contradictoire d’être une victime, tout en se sentant terriblement coupable. Elle fait alors un rêve où elle remet en scène la façon dont elle a vécu sa puberté. L’analyse de ce rêve, puis d’un autre, centré sur la séparation, la conduit à repérer qu’elle a mal vécu ce moment crucial en raison d’un attachement excessif à sa mère et du fait qu’elle s’est enfermée dans ses contradictions.
Archives par mot-clé : Puberté
Donald L. Campbell : l’état pré-suicidaire chez une adolescente
Cet article cherche à approfondir notre compréhension psychanalytique d’une tentative de suicide chez une adolescente. L’acte suicidaire est à appréhender comme la mise en acte d’un fantasme suicidaire. Après avoir étudié la nature et la fonction des différents types de fantasme suicidaire, l’auteur se focalise sur celui de sa patiente. Pendant la phase pré-suicidaire, le père de la patiente – en particulier son incapacité à revendiquer sa fille ou à se présenter soit comme rival amical de la mère soit comme objet de rechange – joue un rôle crucial dans l’état psychique de l’adolescente, comme en témoignent le transfert de la patiente et le contre-transfert de l’analyste. Un aspect fondamental de la dynamique qui s’enclenche pendant la thérapie d’un patient pré-suicidaire est la tentative de celui-ci pour forcer son analyste à participer, en collusion avec lui, dans le scénario suicidaire de façon à ce que l’analyste « autorise » ou « cause » le passage à l’acte suicidaire. Ces hypothèses sont illustrées par des extraits du matériel clinique d’une adolescente qui fit une tentative de suicide au cours de son analyse.
Fanny Dargent : scarifications rituelles
L’adolescence, catégorie récente propre au monde occidental, tend à se désolidariser de la puberté comme événement physiologique universel. Ce n’est pas tant la disparition des rites qui est en jeu mais le relâchement du lien de solidarité entre le phénomène de la puberté et la désignation – mais aussi le traitement – social(e) de l’adolescence. À partir de l’exemple des pratiques de scarifications à l’adolescence, je voudrais proposer l’hypothèse d’une augmentation d’actes-symptômes qui s’alimentent de cet écart et tendent paradoxalement à la fois à le réduire – c’est-à-dire à réinscrire une reconnaissance identitaire intime et sociale des formes d’altérité engagées par la puberté – mais aussi, conjointement à rejeter ces mêmes formes d’altérité.
Adolescence, 2014, 32, 1, 47-56.
Laurence Chekroun : l’évolution d’une adolescente psychotique en psychothérapie
À partir des théories de E. et M. Laufer sur l’adolescence et celle de G. Haag à propos du développement normal des bébés, cet article propose des réflexions concernant l’évolution d’une adolescente en psychothérapie après une « cassure du développement » et l’apparition d’un délire au moment de la puberté.
Patrick Alvin : Questions sur la physiologie de l’émotionnalité à l’adolescence
L’étude des intermédiaires ou des déterminants physiologiques de l’émotionnalité à l’adolescence fait essentiellement appel à la psychologie du développement et à l’endocrinologie des comportements. Si l’on s’en tient à la biologie hormonale et aux hormones sexuelles en particulier, les deux niveaux d’effet les plus remarquables peuvent se résumer en une influence activatrice, contemporaine de la puberté, et une influence organisatrice bien antérieure, contemporaine de la période ante et périnatale. À chacun de ces deux niveaux díinfluence, il convient de faire la distinction entre les effets indirects et les effets directs, sachant que tous sont à líúuvre simultanément, dans des proportions évidemment variables et souvent très difficiles à préciser. Les données dont nous disposons à líheure actuelle invitent à relativiser líimage beaucoup trop simpliste díune » tempête hormonale » dont résulterait un » storm and stress » émotionnel spécifique à líadolescence. Ces données mettent en évidence d’importantes différences selon le sexe et soulignent également le rôle conjoint des multiples influences du milieu
Adolescence, 1999, T. 17 n°2, pp. 229-247.
Gérard Bonnet : pour l’amour du sexe
On ne peut pas aimer les autres si l’on ne commence pas par s’aimer soi-même, ce que la psychanalyse traduit d’une autre manière en rappelant que le narcissisme est un préalable indispensable à toute relation. On peut dire la même chose à propos du sexe proprement dit. Le sujet humain ne peut pas aimer le sexe de l’autre, et donc affronter la différence qu’il représente à tous les niveaux de l’existence, s’il ne commence pas par aimer et investir son propre sexe à la fois comme objet génital, pulsionnel et idéal. Cela suppose qu’il soit provoqué et reconnu par l’adulte, et qu’il garde aussi la possibilité de se dégager régulièrement de cette emprise de façon à s’affirmer à partir de son propre désir.
Paola Marion : discussion 2
Cet article parle du matériel clinique présenté par Kari Hauge dans la lignée de réflexion sur les enjeux du traumatisme, de la régression et du transfert. Le traumatisme, dans ce cas, semble être lié à l’ensemble de la vie de la patiente et en particulier à son incapacité à déployer un vécu de continuité et de stabilité d’être. Cette problématique est explorée du point de vue de la répétition du traumatisme à l’adolescence et de ses manifestations dans la situation analytique.
Adolescence, 2009, T. 27, n°1, pp. 41-52.
Manon Rivière, Marion Haza : d’un fantasme de gémellité à une anorexie mentale : psychopathologie du double
Partant du suivi thérapeutique individuel d’une jeune patiente de treize ans, Clémentine, nous explorerons les retentissements que peut avoir un lien sororal trop fort, et la façon dont il s’avère parfois être un frein au processus de séparation-individuation. Porté à son comble dans le fantasme de gémellité, il en découle un Moi aux contours imprécis, et une poursuite de la relation potentiellement délétère pour un sujet au narcissisme fragile. Indifférenciation des corps et des appareils psychiques, l’anorexie vient faire éclater cette bulle spéculaire, lorsqu’un seul des sujets atteint une puberté physiologique. Dans l’espace de séparation physique et psychique qu’offre le cadre de l’hospitalisation, les entretiens cliniques nous éclaireront sur les modalités de ce passage d’un double vers un soi, et nous aideront à réfléchir sur les enjeux et les limites de la mise en place d’un travail de subjectivation.
Adolescence, T. 31 n°1, pp. 27-36.
Marion Haza : la « bestiole mystique ». passage en pubertaire et psychothérapie
La pulsionnalité pubertaire agit dans la thérapie, d’une façon brutale, crue, non symbolisée. L’acting out est généré par l’émergence de nouveaux ressentis pulsionnels non encore élaborés et intégrés au Moi. La capacité créatrice de l’adolescent, portée par le clinicien, permet de sublimer la violence pubertaire et de trouver une voie de dégagement autre que pulsionnelle et sexuelle. Ici, c’est la « Bestiole Mystique » qui viendra symboliser le passage pubertaire et ses investissements.
Adolescence, 2011, T. 29 n°4, pp. 747-763.