Archives par mot-clé : Pubertaire

Jean-Yves Chagnon : féminité entre latence et adolescence

 

Le remaniement des identifications chez la jeune fille dans le passage de la fin de l’enfance à l’adolescence est illustré à partir des données d’une recherche sur les préadolescents et leur devenir, recherche effectuée à partir d’entretiens et de la méthodologie projective. Alors que les jeunes filles prépubères et pubères ont en moyenne le même âge, des différences radicales s’observent en ce qui concerne la mutation d’une féminité d’enveloppe vers une féminité orificielle selon qu’elles sont réglées ou non, illustrant ainsi la validité des hypothèses sur le pubertaire proposées par Ph. Gutton. Parallèlement des mouvements psychiques de séparation vis-a-vis des images parentales se dessinent, tremplin pour la subjectivation.

Courty Brice : du poil sous les roses

Du poil sous les roses dilate sur la longueur d’un film le moment de l’émergence pubertaire chez un garçon et chez une fille, du vacillement identitaire et désirant initial, en passant par la labilité des défenses psychiques qu’ils peuvent ensuite mettre en place jusqu’à la résolution de l’inquiétante étrangeté. Leur trajectoire les mènera l’un vers l’autre au terme du périple de la sexuation, c’est-à-dire de l’affiliation à un sexe, mais aussi de la reconnaissance du désir de l’Autre, hors de l’environnement familial. Dans cette transition, la langue de l’enfance est infiltrée par celle de l’adulte, la confusion cède la place à un impérieux travail de traduction. Le regard doit s’armer d’écrans (caméra, microscope) pour filtrer le désir dans le monde, l’autre et soi.

Brigitte Dutillieux, Caroline Lebrun, Bérengère Porret : Sida : sésame pour fil santé jeunes

Cet article expose de quelle façon le thème du sida est abordé et utilisé par les jeunes qui appellent Fil Santé Jeunes (numéro vert généraliste). Le sida y apparaît plus comme figure de déplacement qu’en tant que maladie réelle ; sont distingués les productions fantasmatiques ordinaires liées à la problématique pubertaire et les montages pathologiques de jeunes adultes. Même dans les appels ludiques, l’écoutant tient compte de la réalité de l’épidémie et est attentif à la dimension de prévention.

Adolescence, 1999, T. 17 n°2, pp. 123-132.

Jacques Vargioni : Père ne vois tu pas que je saigne ?

L’analyse des mouvements transféro contre-transférentiels de la cure d’une femme obèse permet de mettre en lumière la place centrale d’un événement pubertaire traumatique dans la constitution d’un symptôme boulimique à l’adolescence. Les impasses imposées par cette expérience, après-coup de l’infantile, barrent la possibilité pacificatrice du refoulement conduisant à un renversement/retournement de la pulsion. Ce destin pulsionnel organise une forme mélancolique des scénari originaires dans lesquels le sujet est fautif. C’est alors le corps, comme support du Moi et de l’objet incorporé, qu’il s’agit à la fois d’attaquer et de préserver. Le gavage, mouvement centripète du dehors vers le dedans a également pour but de s’opposer à une fantasmatique de vidage et de séduction potentielle figurée dans le saignement des règles.

Adolescence, 2008, T. 26, n°4, pp. 977-989.

Brice Courty : esquisse 3. du virtuel

Nous avons approché les enjeux et limites pour l’adolescent de la gestion de son corps par un avatar dans les jeux et communautés en ligne. Si l’avatar nous apparaît d’abord comme très limité dans la figuration du corps réel, ces limites nous apparaissent finalement comme permettant à l’adolescent de filtrer l’accès du pubertaire à ces mondes virtuels, d’en faire un lieu de restauration narcissique, au prix d’une pulsionnalité qui doit trouver d’autres voies d’écoulement dans cet univers.

Adolescence, 2008, T. 26, n°1, pp. 249-254.

Dominique Fessaguet : la mystique du rien

Louise a dix-sept ans, deux fois par semaine, le regard fixé sur un au-delà de ma personne, elle m’égrène les chemins de sa haine : l’ “ abjection ” que sont nourriture, tentation, corps/animalité, féminin. Louise ignore la mort. Elle est entrée dans une quête inlassable du rien, un rien dans la bouche, dans le corps et enfin : le rien. Elle avance fascinée par sa propre emprise dans la découverte de cet “ autre ” espace, l’absolu qu’est le rien et ses moyens d’y accéder. Elle a découvert au décours de la satisfaction hallucinatoire les voies de son rien. Elle mettait en scène la délicatesse et le raffinement de mets en si petites quantités, que là aussi, elle mangeait “ du rien ”. Et c’est ainsi que lui est apparu le rien, et elle a engagé sa montée vers Lui par petites touches, soignant son avancée, dans l’oxymore d’une élation froide.

Le rien, sa “ nuit des sens ” et en même temps son chemin de lumière, n’est pas sans évoquer la quête mystique d’un saint Jean de la Croix et je mettrai en perspective cette “ nuit obscure ” avec le trajet de Louise.

Il s’agira d’examiner les chemins, les impasses, le travail de liaison/déliaison, de désintrication de la pulsion que le choc du “ pubertaire ” a entrainé, l’amenant à une régression profonde. Dans un retournement/détournement de processus psychiques habituellement alliés de la vie, elle s’est abîmée dans le balancement entre satisfaction hallucinatoire et l’anéantissement vers le rien.

Le chemin de Louise nous permet de montrer les profondes ressemblances entre trajet mystique et trajet/travail du “ pubertaire ”.

Adolescence, 2008, T. 26, n°1, pp. 89-99.

Odile Falque : mystique du quotidien avec etty hillesum

La mystique, on ne peut pas en parler et on ne peut pas ne pas en parler. Elle consiste à rester dans l’illusion et la tension des paradoxes particulièrement la vie-la mort, à travers une reprise des processus d’adolescence qu’Etty Hillesum situe à partir de la puberté. Celle-ci renvoie à l’originaire et il s’agit d’en sortir. C’est tout l’enjeu de sa rencontre avec son psychologue, Julius Spier, rencontre tout d’abord érotisée, dans la transgression, puis idéalisée et sublimée, dans la découverte à la fois de la capacité d’être seul, de penser, de rêver, de prier, pour tous deux, chercheurs de Dieu.

L’expérience mystique s’enracinerait autour de la jouissance, la transgression et la mort.

“ Mystique du quotidien ” peut se dire dans l’économie psychique du sujet dans des mouvements d’hyperinvestissement libidinal, de désinvestissement et de réinvestissement dans la réalité du quotidien, qui apporte une énergie renouvelée, pour elle l’approfondissement et l’élargissement de l’espace psychique et spirituel, le souci des autres, la mission à accomplir et le témoignage à porter.

Tel a été le cheminement d’Etty Hillesum, mystique restée “ en marche ” vers la mort, la survie, à suivre dans son Journal, Une vie bouleversée, écrit entre 1941 et 1943, d’Amsterdam à Auschwitz.

Adolescence, 2008, T. 26, n°1, pp. 23-39.

Bernard Brusset : de la maturation de l’instinct selon pierre mâle au pubertaire selon philippe gutton

De P. Mâle à Ph. Gutton, la spécificité du travail d’adolescence s’est affirmée produisant de grands développements en rapport avec les perspectives contemporaines de la psychanalyse et non sans effet sur celle-ci. Les renouvellements métapsychologies ont été ordonnés à la nécessité de rendre compte de la diversité de la clinique de l’adolescence. Il s’agit toujours d’abord de la confrontation du jeune adolescent au génital pubertaire. La portée traumatique de cette émergence, en rupture initiale avec la période de latence et avec l’organisation génitale infantile narcissique phallique, détermine des modes de défense qui peuvent être de type archaïque en rapport avec des failles primaires de l’organisation psychique. L’impact de la puberté les révèle en les actualisant, et l’adolescence comme travail psychique en détermine le destin. La psychothérapie des adolescents garde de la psychanalyse l’essentiel de la méthode, l’association des idées, mais celle-ci est alimentée par le thérapeute au service de la mise en représentations et de la mise en mots. La disponibilité psychique et la plasticité identificatoire de l’analyste lui permettent de trouver, dans le style qui lui est propre, le ton juste et la bonne distance.

Adolescence, 2009, T. 27, n°1, pp. 217-234.

Philippe Givre : Michael Jackson : fantasmes à vif

L’existence de Michael Jackson s’apparente à un long one man show qui s’est achevé alors qu’il avait tout juste cinquante ans. Qu’a pu représenter, en premier lieu pour lui-même, cette adolescence de star à laquelle il fut convié ? Simultanément en effet, les transformations physiques de la puberté vont être pour lui génératrices d’angoisses massives, responsables d’attaques virulentes et renouvelées contre son propre corps, jusqu’au point de produire une véritable déstructuration de son apparence physique. L’impossibilité d’assumer ces éléments inhérents au pubertaire fut toutefois partiellement contrebalancée par la valeur sublimatoire de sa créativité artistique. Ainsi le moonwalk, véritable signature de l’artiste, expression agie et performée, pourrait être la traduction d’un scénario fantasmatique étroitement intriqué au traumatisme de la puberté et à la castration maternelle. Le recours à un phénomène « d’extimisation » de la réalité interne aurait ainsi réussi à produire une actualisation sublimée de fantasmes ainsi transfigurés au plus vif de sa création esthétique.

Adolescence, 2013, T. 31, n°4, pp. 1005-1030.

Philippe Gutton : l’autre humain adulte pour l’adolescence

L’autre humain adulte reprend la conceptualisation travaillée jusqu’alors du « sujet parental de transfert ». Il représente l’adultité reflétant l’emprise de la deuxième topique. Son humanité exprime sa motivation pour participer aux processus pubertaires en cours de sublimation. Ainsi peut-il étayer l’interprétation par l’infantile déjà là du pubertaire innovant et la création subjectale adolescente. Cette proximité du lien n’est pas sans risque.

Adolescence, 2013, T. 31, n°4, pp. 949-964.