La prescription de psychotropes à l’adolescence est un acte de soin induisant une réflexion en termes de significations pour l’adolescent et pour le prescripteur. Une nouvelle génération de psychotropes a bousculé les habitudes des prescripteurs. La clinique nosographique doit donc se conjuguer avec la clinique psychopathologique, afin que le médicament devienne « un outil de liberté » en permettant au sujet de se saisir de la capacité « psychotropique » du médicament, grâce à la « magie des mots ».
S’il est un sujet complexe en psychiatrie, c’est bien celui de la prescription médicamenteuse et de l’analyse de ses effets objectifs et subjectifs ; chez l’adolescent notamment, pour lequel l’utilisation des psychotropes est relativement récente, même si elle se généralise rapidement. Le modèle de soins institutionnels développé ici repose sur la théorisation proposée par des praticiens expérimentés : l’espace institutionnel thérapeutique y est métaphorisé comme espace transitionnel. Le médicament est alors conçu comme l’un des objets concrets qui vont permettre une médiatisation du lien et l’instauration d’un objet commun et malléable dans la relation transférentielle établie avec le jeune patient. Nous développons les écueils possibles de la prescription et tentons de mettre en relief les aspects subjectifs et intersubjectifs de celle-ci. Si le médicament doit permettre de contenir une pulsionnalité intra-psychique trop débordante chez l’adolescent, il ne doit pas en revanche être utilisé comme outil de maîtrise ou d’emprise sur lui. Un usage « bien tempéré » des psychotropes permettra de travailler utilement avec le patient sur sa conflictualité interne, au sein de l’institution.
Adolescence, 2009, T. 27, n°3, pp. 759-768.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7