Le sentiment d’être enfermé dans l’univers de la maladie, de l’hôpital, de la médecine fait partie de l’expérience traversée par un adolescent traité pour un cancer. Il est accentué quand le traitement se fait dans une unité « protégée » en raison d’une chimiothérapie avec support de greffes de cellules sanguines souches. La situation d’enfermement concentre et exacerbe tous les éléments de l’expérience du cancer, en particulier la perturbation de la relation au corps (devenu étrange ou étranger) et aux autres (le retrait, la fuite, la demande excessive, la colère), celle du sentiment d’identité, la difficulté à formuler ses pensées et à les exprimer, la peur de penser. Les parents sont eux aussi troublés. Pour aider les adolescents à traverser sans déstabilisation cette phase du traitement et l’enfermement qui la caractérise et, plus tard, à se déprendre de ses effets séquellaires, il importe que le psychanalyste en connaisse suffisamment la réalité pour travailler à partir des éléments divers qui la composent et non avec sa définition globale et les fantasmes qu’elle suscite. Nous décrirons d’abord les éléments constitutifs de ces traitements, puis les repères qui peuvent guider le psychanalyste dans ces situations particulièrement difficiles.