Aujourd’hui, les métamorphoses d’Éros amènent à repenser la thèse qui fait du binarisme sexuel la clef de voûte de l’ordre symbolique. Le corpus psychanalytique est secoué et le sont, plus encore, les pratiques. Comment maintenir vivantes l’écoute, l’intervention analytique et son rapport à ce qui remue dans les champs de la culture ? En quoi le dialogue avec l’anthropologie a-t-il ici une pertinence ?
Le réel n’est pas seulement le trop qui nous envahit ou nous déborde, c’est aussi ce qui n’est pas perçu de ne pas avoir été suffisamment donné et qui toujours échappe. Le réel à l’échelon individuel ou collectif, c’est le rationnel économique et son positivisme irréaliste.
Pour parer au tranchant de l’économisme ambiant qui désenchante notre réalité, l’Art en tant que falsification du réel est d’un utile recours voire secours pour se réinventer soi et le monde. Mais il verse dans l’absurde et la destructivité s’il ne reste pas tangentiel aux limites tant internes qu’externes du réel. La psychanalyse pourrait aujourd’hui n’avoir plus qu’une seule indication : le désenchantement face au réel. L’aventure qu’elle propose au sujet qui veut goûter à la vitalité de la vérité et à la liberté libre de se confronter à la douleur, et de la dépasser pour éviter d’en avoir « réellement » peur.
Ce texte présente comment un psychanalyste écoute, à Paris, la façon dont des jeunes gens, filles et garçons, sont séduits par l’appel au djihad. Ces jeunes personnes ne sont pas des fanatiques. Ils viennent rencontrer un psychanalyste sur le conseil de certains de leurs amis ou de membres de leurs familles. L’auteur de ce texte décrit les troubles de l’identité et les blessures psychologiques importantes, mais aussi les idéaux et les espoirs de ces jeunes.
La théorie de J. Lacan passe par une critique des approches psychogénétiques de l’Œdipe. L’accent mis sur le Père et la castration accentue en fait le privilège donné par Freud à une approche phylogénétique. L’adolescence, moment de la déception des promesses œdipiennes, quand il s’avère que la génitalité n’assure pas un rapport à l’Autre, témoigne de cette réduction de la place donnée à l’Œdipe comme analyseur des processus adolescents.
Quelle est la place des nouvelles technologies de la communication dans le protocole analytique ? Est-il possible d’effectuer un travail analytique, voire de faire une « séance » par voie numérique alors que celle-ci est par nature à l’abri des rapports sociaux classiques et des formes de pression et de domination habituelles ? La scénographie analytique est garante de la cessation des modes panoptiques. Quelles sont les conditions « numériques » de possibilité de la cure analytique ?
À partir d’une étude de cas, les auteurs montrent la valeur opératoire d’un dispositif thérapeutique psychophénoménologique articulant une instance phénoménologique, où s’élabore un travail enactif du processus originaire par et dans le mouvement, et une instance psychanalytique où s’effectue la mise en représentation des processus primaire et secondaire. Cette proposition psychothérapique permet à l’adolescent, enfermé dans des passages à l’acte, une métabolisation originale de son agressivité.
En procédant à une analyse étymologique du terme infans issu de la pensée lacanienne, l’auteur montre en quoi la question de l’accession au langage, mise à l’avant-plan des préoccupations structuralistes, occulte celle de l’émergence au symbolique, entendu dans une perspective anthropologique plus large. Ainsi resituée, la résolution du complexe d’Œdipe n’apparaît chez l’enfant que comme le renoncement à une mauvaise fortune (cens) et la soumission à un règlement auxquels il ne peut qu’objecter parce qu’ils le privent de sa liberté ; par contre, l’Œdipe ne prendra socialement sens qu’après-coup à l’adolescence, dans une reviviscence qui ne sera pas abordée ici.
Le statut métapsychologique de l’adolescence comme concept psychanalytique prend sens avec la définition de l’opération adolescente, déjà développée par l’auteur dans ses travaux antérieurs.
Dès lors, la clinique témoigne de l’insuffisance, d’une part des conceptions classiques selon lesquelles l’adolescence se conçoit comme répétition des processus infantiles et dans lesquelles l’usage de la notion de symptôme pousse à la multiplication des profils de personnalité dans la classe nouvelle en psychopathologie des états limites, d’autre part de l’approche décrite dans la structure du nœud borroméen proposé par Lacan.
À l’appui de ses derniers travaux sur l’état limite conçu comme « état » et non comme structure, qui peut donc atteindre toute structure, et qui porte précisément sur la limite, l’auteur insiste sur la distinction entre conduites et symptômes à l’adolescence, propose de considérer l’adolescence comme moment de construction logique du sinthôme, et les états limites comme des états, provisoires ou figés, et particulièrement instables de ce sinthôme. Il termine ici par l’examen des qualités de ce sinthôme adolescent.
By attempting to clarify the terms paranoid and paranoia in adolescence, we propose to show how a logical approach, introduced by the structural approach, may be articulated with the very movement of the adolescent process. This centers on notion of the « empty box », as it may be encountered in conceptions of the Feminine and the pubertary real.
The theoretical principles of structuralism, the analytical theorization of the pubertary process and psychiatric nosology will be discussed, with the aim, beyond its apparent complexity, of articulating a set of elements that could make them intelligible to one another.
Les auteurs défendent l’idée que la psychanalyse est le traitement de choix pour les adolescents gravement perturbés. Leur approche est centrée sur la cassure du développement survenue à la suite des transformations pubertaires et qui mène à un état pathologique. Ce breakdown empêche l ’intégration progressive du corps sexuellement mature dans la réalité psychique de l’adolescent et conditionne ainsi une rupture dans la relation à la réalité. Ces adolescents présentent un fonctionnement psychotique défensif sans qu’il s’agisse d’une psychose avérée. La cassure de développement serait revécue dans l’analyse sous forme de « cassure de transfert ». Traitement long et difficile, mais peut-être meilleure « seconde chance » offerte aux adolescents gravement malades.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7