Dans cet article, nous proposons une lecture après coup d’entretiens auprès d’adolescents libanais nés à la fin de la guerre dite civile (1975-1990) vivant leurs rapports intersubjectifs et sociaux dans des situations de fragilité et de précarité à Karm Al Zaïtoun (quartier à Beyrouth Est). Trois espaces de circulation influent sur la formation des processus identitaires de ces adolescents libanais : l’espace « de tradition », l’espace « de survie au quotidien » et l’espace de « modèles identificatoires importés ». Il s’agira ici plus spécifiquement de la relation qu’entretient l’adolescent libanais avec l’espace « de tradition » et l’espace « de survie au quotidien ». Ce dernier est marqué par l’identification aux figures héroïques, la domination territoriale et la ritualisation des pratiques quotidiennes. Cet espace quotidien fonctionne comme espace de survie investi profondément par les adolescents. L’espace de tradition, lui, assure à l’adolescent protection et une forme de continuité de soi mais il reste menaçant et aléatoire dans la mesure où il est traversé par une rupture avec le passé en lien à la guerre. L’absence de confrontation de l’espace avec le temps générationnel ne leur facilite pas la référence à un passé commun et légitimé garant d’une continuité de soi.
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Antoine Kattar : Adolescents vivant au Liban : un processus identitaire en construction sous l’emprise d’une double menace
Cet article se propose de montrer ce qui se joue pour l’adolescent vivant au Liban au cours de sa formation identitaire, en cherchant plus particulièrement à comprendre le retentissement du contexte socio-historique du pays sur les difficultés psychiques que celui-ci éprouve et plus spécifiquement comment les caractéristiques de ce contexte résonnent avec les transformations liées à celles de la période adolescente. L’analyse d’un entretien clinique de recherche réalisé auprès d’un adolescent résidant à Beyrouth et les élaborations personnelles de l’auteur que son implication dans cette problématique l’a conduit à produire montrent la confrontation entre « l’expérience vécue au niveau de la crise personnelle » et celle vécue au niveau « de la crise politique ». L’hypothèse est posée d’un redoublement de la menace intrapsychique inhérente au processus de création adolescente par le poids de la menace externe émanant du contexte politique.
Adolescence, 2011, T. 29 n°4, pp. 849-861.