Cet article est une invitation à la lecture du livre de M. Benyamin, Le travail du préconscient à l’épreuve de l’adolescence. Nous en présentons les axes majeurs de réflexion qui apportent au clinicien un éclairage très original et captivant sur le préconscient, mais aussi sur la psychosomatique et la psychanalyse de l’adolescence.
La passion amicale à l’adolescence est ici envisagée sous une double valence, positive et négative. Le conflit narcissico-objectal propre à l’adolescence entre en résonance avec le processus de l’adolescence et la passion peut se révéler étayante et organisatrice versus désorganisante et entravante. Le débordement quantitatif qu’elle impose à l’appareil psychique demande une adaptation de la technique de psychothérapie psychanalytique à destination des adolescents.
L’approche conceptuelle proposée par F. Ladame met en exergue la notion originale de “ pare-excitations pour le dedans ” dont l’internalisation, lors de la seconde phase de séparation-individuation, constitue l’un des enjeux majeurs de la phase adolescente. Il convient donc de montrer comment s’entremêlent les rôles et fonctionnalités du Préconscient, du travail du rêve, du “ pare-excitations pour le dedans ” afin d’assumer l’activité transformationnelle de l’adolescence et afin de permettre l’achèvement du développement du corps sexué. Toutes ces interrelations et intrications réhabilitent du même coup le rôle du Moi auquel il revient de trouver des compromis capables d’intégrer à la fois le nouveau principe de réalité lié à l’émergence de la génitalité et de tolérer la présence maintenue vivante de fantasmes incestueux et parricides, étant entendu que l’inceste est au cœur de l’adolescence. Il en découle pour F. Ladame, l’idée centrale que la véritable innovation, voire la révolution de l’adolescence, réside en effet dans la possibilité de tolérer l’exclusion de la scène primitive tout en maintenant vivante la représentation de la relation du couple parental.
Cet article propose un commentaire croisé des travaux de A. M. Nicolo et F. Richard, et pose la question des conditions de la cure en adolescence. La spécificité du positionnement de l’analyste est envisagée à partir de la figure mythologique de la chimère, personnage hybride pouvant représenter les capacités d’accueil du thérapeute d’adolescents : à même de tolérer une pause sur les frontières incertaines entre le Moi et le non-Moi, et de rendre possible l’émergence de processus de pensée originaux et de pensées paradoxales.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7