L’article présente une construction théorique pour penser les manifestations d’allure psychotique à l’adolescence. Entre l’archaïque et l’actuel, le paradigme de la psychose pubertaire s’affranchit de la référence hâtive à la vulnérabilité schizophrénique pour redonner une valeur processuelle à la notion de potentialité. La psychose pubertaire dévoile un caractère éminemment frontalier et sa symptomatologie traduit des modalités de traitement qui s’étendent sur le spectre d’un travail du négatif nécessaire mais incertain.
La référence à la cure analytique dans l’abord thérapeutique de l’adolescence se complète nécessairement par la prise en considération de tous les facteurs intrinsèques et extrinsèques qui viennent jouer dans l’optimisation du dispositif du travail. Certaines caractéristiques de l’adolescence (régime économique de crise, remaniement topique de la « nouvelle dépendance », statut naturel des introjections transférentielles) contribuent à éclairer l’enjeu parfois crucial, et la potentialité dynamique particulière de la rencontre avec l’adolescent. L’évaluation – parfois instantanée et réciproque – ne peut aisément se dissocier du processus identifiant ; et l’énonciation du cadre conventionnel pour des nouvelles rencontres opérer depuis la place parfois magique que l’adolescent nous assigne dans le transfert. Une consultation « banale » et son commentaire illustrent ce thème de la rencontre.
Adolescence, 2010, T. 28, n°1, pp. 79-97.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7