Les positions « communément désignées comme perverses » (Freud) sont rarement des aménagements transitoires durables définitifs du pubertaire. L’auteur plaide en faveur d’une origine pubertaire des perversions. Elles relèvent d’un déni de l’altérité précisément telle qu’elle se symbolise dans le « personnage tiers » ou sujet parental de transfert présidant ordinairement à l’adolescence. Il en résulte la répétition d’une génitalité brute (ou de ses dérivés : addiction, certains troubles des conduites alimentaires et violences), non élaborée faisant alliance avec la pulsion d’emprise. L’émancipation du Surmoi soumet l’adolescent au Surmoi collectif et aux idéologies qui le confrontent et le jugent.
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Bruno Deswaene : Adolescence et catastrophe
L’adolescence constitue une temporalité spécifique qui bouleverse le développement ontogénétique de l’être. En ce sens, elle est une catastrophe morphogénétique qui doit être assimilée par le sujet. En tant qu’étape structurellement fondamentale sur le plan psychique, elle tient compte des expériences et des points de rupture antérieurs. Cependant, la souffrance ne rime pas systématiquement avec rupture ou crise, bien quíon lui attribue généralement un caractère mortifère. La rencontre préalable et précoce avec le sexuel dans le cadre d’un attentat sexuel survenu à la période de latence modifie le déroulement classique de l’équilibre psychique. Sur le plan social, ce vécu expérentiel initial engage une perception spécifique de nature catastrophique et inscrit, le plus souvent, le vécu dans une vision destructrice, c’est-à-dire modifiant l’ensemble des éléments que constitue la stabilité psychique du sujet. Cependant, l’appropriation de cette expérience du sexuel comme expérience de vie ne serait pas à concevoir comme un processus d’involution ou de barrage de l’évolution psychique, mais serait à réfléchir comme une étape à prendre en compte dans le déroulement successif des catastrophes inscrites dans l’ontogenèse humaine, connotant, de ce fait plus particulièrement la phase de l’adolescence qui constitue un temps singulier dans la révélation de l’attentat sexuel. Celle-ci se révélerait alors être un moment de personnalisation par le sujet de ce qui est pour lui une catastrophe intime.
Adolescence, 1999, T. 17 n°2, pp. 59-70.
Emmanuel Diet : aliénation sectaire et problématiques adolescentes
La clinique de l’aliénation sectaire fait apparaître que celle-ci renvoie à des impasses identificatoires de l’adolescence. L’après-coup sectaire instrumentalise dans les logiques de l’emprise incestuelle, les défaillances narcissiques du sujet en répondant par la séduction perverse à ses demandes de reconnaissance.
Adolescence, 2008, T. 26, n°1, pp. 177-192.
Emmanuel Diet : perspectives critiques sur l’adolescence, l’acculturation scolaire et la politique hypermoderne
Dans le contexte du néo-libéralisme et de l’effondrement des métacadres sociaux, le déni de la différence générationnelle met en crise la transmission culturelle à l’école par l’évitement des conflictualités identificatoires œdipiennes et l’attaque des organisateurs psychiques et culturels. Les souffrances, les violences et transgressions adolescentes sont à comprendre comme les symptômes et les conséquences de l’idéalisation politique de la perversion et de la régression à l’infantile dans le social-historique.
Adolescence, 2009, T. 27, n°2, pp. 431-445.
Ludovic Gadeau : le rapport à la loi et l’exercice de l’autorité : acte éducatif et temps transitionnel
L’auteur met en discussion une forme de dérive dans le rapport à la loi et l’exercice de l’autorité en opposant acte éducatif et réaction éducative. Cette opposition est utile pour élaborer les situations éducatives se situant au voisinage de la perversion. La réaction éducative opérerait dans le registre de la réalité contingente, répondant à une temporalité du registre de l’immédiateté. L’acte éducatif tirerait son pouvoir structurant de ce qu’il se situe essentiellement dans le registre symbolique, gouverné par une temporalité transitionnelle. L’auteur montre que certaines expériences intersubjectives lorsqu’elles sont soumises à une temporalité transitionnelle donnent à l’acte éducatif sa portée structurante.
Adolescence, 2010, T. 28, n°3, pp. 689-697.
Gérard Bonnet : l’exhibitionnisme rituel en question
Est-ce que le rite doit obligatoirement s’exhiber, au risque de provoquer ceux qui ne partagent pas les mêmes convictions et d’entraîner des violences ? Avant de répondre à la question, il faut d’abord rappeler que le rite est une pratique sexuelle au sens où la psychanalyse entend la sexualité. Il est à la sexualité idéale, ce que le coït est à la sexualité génitale, et le plaisir de type oral ou anal à la sexualité prégénitale ou pulsionnelle. C’est pourquoi la pratique symptomatique qui se rapproche le plus du rite collectif et qui est le plus à même de l’éclairer en profondeur, ce n’est pas la pratique obsessionnelle, ou le comportement des masses, c’est la pratique perverse. Les analogies entre elle et le rite sont en effet frappantes, et bien des excès rituels équivalent à des formes de perversion : c’est le cas pour l’exhibitionnisme dont il est tant question aujourd’hui. La façon la plus sûre d’éviter de tels débordements, c’est de pousser à bout la comparaison entre les deux pratiques, et de rendre le rite à sa signification propre qui est d’être une parole enchâssée dans une pratique codifiée.
Adolescence, 2010, T. 28, n°3, pp. 519-528.