Cet article rend compte du rapport existant entre l’expérience spéculaire primaire et la constitution des limites soi/autre. L’exploration d’un cas clinique permet d’apprécier l’importance du regard de l’autre comme condition nécessaire au déploiement du processus de subjectivation et à l’articulation d’une double limite dedans-dehors et inconscient-préconscient-conscient.
Il s’agit de chercher à poser les rapports entre la vision, la pensée, les langages parlés ou “ signés ” et le narcissisme à l’adolescence, tels qu’ils sont électivement révélés par la surdimutité. Pour toute personne sourde, la vision fait l’objet d’un surinvestissement salvateur et problématique à la fois. Son importance n’a pas besoin d’être soulignée, mais sa prégnance pose question. La théorie de “ l’enveloppe visuelle du moi ” permet de poser la problématique théorique, et quelques fragments de la psychothérapie d’un adolescent malentendant témoignent de la problématique clinique : souffrance narcissique et souffrance de pensée.
Le face à face est un des sites psychothérapiques les plus pertinents à l’adolescence. Parce que celle-ci est avant tout une crise narcissique et identitaire, la vue du psychothérapeute et ce qu’il voit de l’adolescent en favorisent l’élaboration et le travail. Deux exemples cliniques illustrent la vision flottante : une attitude possible pour le psychanalyste qui veut introduire du visuel, du regard dans le processus psychothérapique.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7