In A Girl’s Story, A. Ernaux ends the fragmented story of her adolescence with the revelation that she was assaulted the first time she had sex. This event, the repetition and outcome of childhood traumas whose sexual origin is diluted by the author in the socius, triggers a phenomenon of passionate control laden with symptoms. Subjectivation through literary sublimation is both the subject matter and matrix of this work, and transforming the control into a cultural object that can be shared.
Dans Mémoire de fille, A. Ernaux conclut le récit fragmenté de son adolescence par la révélation de l’agression subie lors de sa première relation sexuelle. Cet événement, répétition et aboutissement des traumas de l’enfance dont l’origine sexuelle est diluée par l’autrice dans le socius, déclenche un phénomène d’emprise passionnelle lourd de symptômes. La subjectivation par sublimation littéraire est à la fois matière et matrice de l’œuvre, et transforme l’emprise en objet culturel partageable.
In adolescents who are incarcerated, psychical ways of functioning based on dependence and passion for the act, are actualized in the setting of the detention center. This article deals with the psychical adjustments of these adolescents and the forms that their violence takes when it emerges. Violent acts thus appear to be a defense against the excitation of the drives induced by “incarceration hyperstimulation” and the relational and institutional promiscuity inherent to the setting of the juvenile detention center.
Chez les adolescents incarcérés, les modalités psychiques, basées sur la dépendance et la passion de l’agir, s’actualisent en milieu carcéral. L’article traite des aménagements psychiques de ces sujets ainsi que des modalités d’émergence de la violence. Les agirs violents apparaissent alors comme une modalité défensive en réaction à l’excitation pulsionnelle favorisée par « l’hyper-sollicitation carcérale » et la promiscuité relationnelle/institutionnelle inhérente au dispositif même des EPM.
Lou Andreas-Salomé emerged from childhood depressive and fell passionately in love with Pastor Hendrik Gillot – parental subject of the transference? – until the moment when she fled his proposal of marriage: the encounter with the adult human other is reduced to the discovery of a figure that reinforces the control of the phallic.
Within its very etymology, addiction is tied to passion, an “incarnate” passion whose object would be not another subject, but rather an object that alienates the subject from his body and its needs: a drug or addictive behavior. After a review of the specifics of Freud’s vocabulary giving a glimpse of the links between passion and addiction, the author will describe how addictive conduct is triggered and maintained in adolescence.
Using two formats of the pubertary pictogram (infantile control and pubertary elaboration), it is possible to make a clearer distinction between passion and love. Passion is characterized by a double play of abuse of phallic power to the detriment of the new sexual and, in turn, “breakdown”. Love is a special instance of the intersubjectalisation necessary for adolescent creativity. At the frontier between these states, passion can be loving and love can be passionate. Two clinical examples will be taken from the novels of Hungarian author Sandor Márai.
Lou Andreas-Salomé émerge dépressive de l’enfance et se prend de passion pour le Pasteur Hendrik Gillot. Sujet parental de transfert ? Jusqu’au moment où elle fuit sa demande en mariage : la rencontre de l’autre humain adulte se réduit à la découverte d’une figure renforçant l’emprise de la phallicité.
L’addiction a, dans son étymologie même, rapport avec la passion ; une passion « incarnée » dont l’objet ne serait pas un autre sujet mais un objet aliénant le sujet à son corps et ses besoins : la drogue ou la conduite addictive. Après un rappel sur les spécificités du vocabulaire freudien permettant d’entrevoir les liens entre passion et addiction, l’auteur décrit en quoi la conduite addictive se déclenche et s’entretient à l’adolescence.
Différencier mieux passion et amour à partir des deux formats du pictogramme pubertaire (emprise infantile et élaboration pubertaire). La passion se caractériserait comme un double jeu d’abus de pouvoir phallique au détriment du sexuel nouveau et derechef, un « breakdown ». L’amour est un moment privilégié de l’intersubjectalisation nécessaire à la créativité adolescente. Aux limites entre ces deux états, la passion peut être amoureuse, l’amour devenir passionnel. Deux exemples cliniques sont empruntés aux romans hongrois de Sándor Márai.
Adolescence, 2015, 33, 1, 33-45.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7