Cracher est un comportement fréquent durant l’adolescence, surtout chez le garçon, et il apparaît d’abord comme un signe de virilité qui se montre. Mais nous faisons ici l’hypothèse qu’une incompatibilité avec la parole, une parole où la subjectivité se trouve impliquée de manière iné-dite, est rencontrée dans ce comportement même qui amène le sujet à abandonner le paraître, la parade, pour se risquer plus avant dans un dire support de la séduction et de la relation amoureuse comme d’une nouvelle position dans le monde.
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André Alsteens : l’interprétation dans la rencontre avec l’adolescent
Cet article indique la place de la parole, de l’interprétation et de l’utilisation du transfert dans la rencontre avec l’adolescent, en soulignant le dosage subtil et sans cesse variable à établir entre ces trois paramètres si l’on veut promouvoir un dialogue vivant et fécond avec lui.
Abdelhadi Elfakir : le conte entre rêve et parole : d’une modalité d’articulation du sujet et du collectif
Le sujet de l’inconscient et le collectif entretiennent des relations consubstantielles. Ils sont l’un pour l’autre comme l’endroit et l’envers. Le passage de l’un à l’autre se fait comme sur une bande de Mœbius où l’on ne peut distinguer un intérieur d’un extérieur. Si le sujet de l’inconscient est l’effet des lois du langage, il n’est pas sans prendre la coloration des productions collectives et leurs montages institutionnels qui, par un certain agencement collectif de discours et des énonciations, creusent des canaux et lui confèrent des modalités d’expression spécifiques. Le conte et le rêve, tels qu’ils peuvent se renvoyer l’un l’autre et se déployer dans une parole singulière, se donnent comme des moyens privilégiés pour saisir cette articulation. L’illustration en est faite ici à partir d’une rencontre clinique de recherche, dans un contexte culturel de tradition orale, avec une jeune femme de onze ans, contant les marques d’un destin pour les signes d’une destinée rêvée.
Olivier Douville : « bricoleur » du langage
Le passage adolescent est paradoxal. D’une part, le jeune se pose comme un sujet par et pour la rupture d’avec l’univers culturel domestique, d’autre part il va reprendre souvent pour édifier son devenir des éléments culturels refoulés à la génération précédente. Ce paradoxe est vif et très visible en ce qui concerne les contextes de migration, mais il est interne à chaque processus adolescent, « migrant » ou « autochtone ». L’article, prenant appui sur la notion due à C. Lévi-Strauss de « langage mythopoétique », explore les traductions de ce paradoxe dans la façon particulière qu’ont les adolescents de modeler la langue et de prendre la parole.
Adolescence, 2014, 32, 1, 101-110.