Philippe Roth, dans son œuvre marquée par une formidable créativité et un humour éblouissant, présente des héros aux prises avec des difficultés psychopathologiques qui entravent singulièrement leur vie amoureuse : leur désir est souvent marqué par l’errement, l’inconstance voire l’inconsistance, et leur sexualité par un besoin de contact sensuel insatiable. Le conte métaphorique Le sein (1972), qui s’inscrit dans la lignée des métamorphoses, amène à réfléchir, à travers la transformation du héros David Kepech en sein, sur le fantasme (ou la perversion) tabou mais fréquent de la possibilité de vivre une jouissance toujours renouvelée et illimitée. Dans La Bête qui meurt (2004), le même héros parvient, au prix d’une profonde réorganisation psychique, à abandonner sa chère liberté inconditionnelle et sa constante recherche du plaisir érotique ; il accède à une véritable relation amoureuse où l’Autre peut réellement être aimé dans une dimension sexuelle et affective.