Ce travail expose une théorie de la filiation pensée comme forme dynamique, et fait le diagnostic d’une souffrance contemporaine à habiter la temporalité. Le rapport actuel au temps est saisi à travers le prisme des théories transhumanistes, afin d’illustrer l’idée d’un présent qui ne se déploie pas, et d’un futur peu investi par l’élan vital, quand bien même la mémoire serait « parfaite ». Une vignette clinique donne à comprendre l’impasse subjective d’une mémoire « totale ».
La narration auto-biographique va au-delà du simple récit intérieur. Chez les adolescents qui présentent des troubles psychiques sévères, il y a une construction plus ou moins délirante dont le but est d’organiser une structure prothétique ou grandiose pour le narcissisme. Reconstruire les moments de la vie peut être une tentative de réparer des sentiments de dispersion. L’autobiographie recréée dans l’analyse peut alors représenter une réinvention de soi.
Cet article présente une tentative de synthèse du colloque et en souligne les points forts : interprétation des données cliniques et discussion critique des syndromes post-traumatiques ; psychologie de l’adolescent combattant ; problématique surajoutée de l’exil ; réflexions sur les mémoires sociétale et sociale ; tendance usuelle à la problématique du deuil ; dynamique entre individu et communauté, psyché et société. L’accent sera finalement mis sur un renversement possible de perspective, qui implique parallèlement une redéfinition partielle du rôle du psychothérapeute, citoyen engagé et acteur social aux premières lignes de l’Histoire.
On s’appuie sur un corpus constitué des mots qui désignent et caractérisent ‘ les jeunes ’, acteurs principaux de deux événements récents (la crise des banlieues de l’automne 2005 et la crise des universités de l’hiver 2006), pour montrer comment l’acte de nommer participe à la représentation des événements. On liste d’abord les différentes « façons de nommer » ‘ les jeunes ’ sur l’aire de deux doubles pages de quodidiens nationaux ; on dégage ensuite des corpus recueillis différents paradigmes de désignations, qui fonctionnent comme autant de catégorisations des jeunes acteurs impliqués dans ces deux événements. Le traitement d’un troisième événement à titre de vérification conduit à s’interroger sur les représentations discursives véhiculées par la circulation des nominations et sur le rôle de la mémoire (mémoire interdiscursvie ou mémoire collective) dans la représentation des événements et des jeunes acteurs de ces événements
Adolescence, 2009, T. 27, n°4, pp. 907-919.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7