Comment aborder le lien entre les travaux de J. Lacan et la prise en charge des adolescents alors même que l’adolescence est une thématique absente de son œuvre ? Une réponse consiste à substituer au principe du développement celui de structure. Cette substitution, riche d’effets, déplace les interrogations sur le corps – et surtout la puberté et le pubertaire dans le phénomène adolescent – et le langage, utilisé par J. Lacan pour en spécifier les effets sans les nommer.
Cet article est une invitation à la lecture du livre de M. Benyamin, Le travail du préconscient à l’épreuve de l’adolescence. Nous en présentons les axes majeurs de réflexion qui apportent au clinicien un éclairage très original et captivant sur le préconscient, mais aussi sur la psychosomatique et la psychanalyse de l’adolescence.
Looking at several field studies in West Africa and Southeast Asia, this article will attempt to show the feelings of shame and hate which can be such a hindrance when the subject, excluded from social links by political and social violence, is asked to find a new foundation in the threads of a dialogue in which the logic of legitimacy, affiliation and kinship could be reconfigured.
À partir de plusieurs terrains en Afrique de l’Ouest et Asie du Sud-Est, cet article vise à étager les affects de honte et de haine qui ne manquent pas de s’exaspérer lorsque le sujet, naguère mis en dehors du lien social par des violences sociales et politiques, se retrouve convié à retrouver assise dans les fils d’un dialogue possible au sein duquel se reconfigurent les logiques des légitimités, des affiliations et des filiations.
La séance et son continuum dans la vie quotidienne est à réfléchir bien sûr comme une relation tierce ; « deux personnes se regardant » s’y trouvent réunies et compromises sous un même regard autre ; un groupe se constitue, confiance (ou illusion) partagée. Le phare d’abord inconnu (étranger) inspire des échanges de plus en plus familiers : parler remplace être regardé. Les interactions qui définissent le site pourraient grâce à cette construction tierce être dès lors interprétées ou « reconstruites ».
Dans le cadre des pratiques préventives du réseau du CRIPS, l’auteur présente une recherche menée sur le langage qui sous-tend les actions de communication et de prévention du sida en direction des jeunes. L’objectif étant d’analyser, au sein de chaque acte de communication, les représentations qui recouvrent les mots pour s’assurer que les messages émis revoient bien aux réalités et valeurs qui organisent d’une part l’univers sociolinguistique des adultes et d’autre part celui des jeunes. La question qui se pose alors est celle de la possible transposition des modes d’expression l’un dans l’autre.
Le langage des adolescents est symptôme, à la fois nécessité interne d’une élaboration psychique et inscription culturelle et sociale de pratiques symboliques. Les pratiques linguistiques ne peuvent se réduire à des ruptures de codes, mais constituent une langue de transit qui dit autant le besoin urgent de communiquer que le besoin – encore plus impérieux – de ne pas être trouvé, pour faire face aux bouleversements physiques, psychiques et sociaux qui les animent. Le parler adolescent devient alors un lieu où le désir du sujet peut parvenir à se dire, hors la langue maternelle et le langage peut être conçu comme une représentation métonymique de l’identité en gestation.
L’auteur envisage la question d’un changement dans le langage à l’adolescence comme mise en œuvre de cette dimension mutative dont le pubertaire est tout entier l’expression. La destitution dont le mot peut à tout moment être saisi, témoignerait du manque consubstantiel à tout langage. La recherche portée par l’adolescent consisterait à dévoiler ce manque à signifier, tout en s’assurant de la permanence du registre du langage. Cette « œuvre » s’inscrirait plus généralement dans ce régime de la preuve dont autrui reste, plus que jamais, le garant. C’est par l’autre que l’adresse et sa réception seraient assurées d’une permanence, malgré ce manque à signifier.
L’observation de la souffrance humaine se fait souvent au moyen d’une distance obtenue par le déni d’états émotionnels qui, pourtant, apparaissent souvent déterminants à l’observateur. Cette contribution cherchera à vérifier cette hypothèse en prenant pour exemple une mission de recherche-action effectuée dans une institution accueillant des adolescents en rupture familiale. Fortement troublé par la voix étrangement désaffectée d’une adolescente, l’observateur se trouve contraint de renoncer au caractère distancié d’un régime habituel d’expertise. Ce n’est pas l’histoire de cette adolescente qui le trouble, mais ce qu’elle lui renvoie de son propre vécu familial, lequel se confond avec une démarche scientifique d’observation. Le retour vers cet « inconscient de l’enquête » constitue la base de ce que nous pourrions nommer une initiation.
Les manifestations des souffrances psychiques adolescentes à l’école prennent souvent la forme de violences verbales, la plupart banalisées par les jeunes et décriées par les professionnels. À partir d’une recherche menée auprès de chefs d’établissements cet article interroge la fonction défensive de cette banalisation à la fois comme mise à distance de la force du pulsionnel, expression d’une préoccupation narcissique et traitement psychique de l’effraction pubertaire et de la question identitaire. Les dispositifs d’atelier à médiation sont présentés comme occasion de traiter autrement ces questions, sur un mode plus ouvert à soi et aux autres.
Adolescence, T. 31 n°1, pp. 95-106.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7