Cet article propose de montrer les enjeux de l’adolescent qui se confine et fabrique avec méthode un lieu de réclusion volontaire, jusqu’à offrir la figure d’un enfouissement au limite de l’angoisse d’un en-terrement, le lieu d’une ascèse. Ce que ce texte tente de suivre ici est moins la description d’une courbe ascétique : les privations, l’isolement et les attaques du corps, que là où ça se passe, le lieu de l’ascèse, là où la maison familiale se défait, recouverte par un nouvel espace.
In his preface to F. Wedekind’s play, Spring Awakening, J. Lacan defended several theses, not only about adolescence, but also about what adolescence reveals and that is applicable to all. We will focus in particular on one of these theses: there is no initiation. From there, we will attempt to isolate the basis of the difficulty, and at the same time the necessity, of the adolescent’s detachment from the knowledge of the parental Other.
How can an adolescent authorize him or herself to have a sexual relationship? Access to the jouissance of the body follows the path of the letter in order for desire to emerge. The phallic function becomes the vector, via the possibility for a subject to use the Name-of-the-Father in order to “take the leap” of performing the sexual act. How can the success or failure of this process be approached in the treatment of adolescents? The ways of knowing how to deal with castration are specific yet all refer back to the universal of the father as name (Name-of-the-Father).
Returning with D. W. Winnicott and J. Lacan to the question of adolescence as a social as well as subjective phenomenon, this paper seeks to identify what is at stake during this period, namely a new articulation of jouissance and the body based on the three figures of “the paternal metaphor”, that is to say from the Oedipal scenario.
Dans sa préface à la pièce de théâtre L’éveil du printemps de F. Wedekind, J. Lacan aura fait valoir plusieurs thèses, non seulement sur l’adolescence, mais sur ce que nous montre l’adolescence, qui vaut pour chacun. Nous retiendrons ici l’une d’entre elles : il n’y a pas d’initiation. À partir de là, nous tenterons d’isoler sur quoi repose la difficulté, en même temps que la nécessité, du détachement de l’adolescent d’avec le savoir de l’Autre parental.
Comment s’autoriser à la relation sexuelle à l’adolescence ? L’accès à la jouissance du corps en passe par la lettre pour faire émerger le désir. La fonction phallique s’en fait le vecteur, via la possibilité pour un sujet de se servir du Nom-du-Père pour franchir le cap de l’acte sexuel. Qu’en est-il des réussites et échecs de ce processus dans la clinique des adolescents ? Les modalités de savoir-y-faire avec la castration sont singulières mais renvoient toutes à l’universel du père comme nom.
En reprenant la question de l’adolescence comme phénomène social et subjectif avec D. W. Winnicott et J. Lacan, ce texte tente de préciser ce qui est en jeu dans ce temps-là, à savoir une articulation nouvelle de la jouissance et du corps à partir des « trois tours de la métaphore paternelle », c’est-à-dire de l’Œdipe.
Nous explorons en quoi J. Lacan peut être un théoricien du pubertaire à son insu, à l’instar de ce que Freud a pu faire lorsqu’il s’est intéressé à la jeune fille dans la période infantile. À son insu donc, par le fait d’un changement de paradigme dans sa théorie, entre le Livre V du Séminaire et l’existence d’un Autre de l’Autre, et le Livre VI où il n’y a pas d’Autre de l’Autre. Notre exploration s’étaie sur une conférence de J.-A. Miller en 2013 : « L’Autre sans Autre ».
Le slam est un nouvel art poétique, faisant intervenir la scène, emprunté par les jeunes. Cette poésie-spectacle répond au besoin d’étayage narcissique et de conquête de nouveaux espaces à l’adolescence où le champ du langage est investi en rupture avec la langue maternelle et celle de la norme. Elle permet aux jeunes de se confronter à l’altérité en sublimant leurs pulsions agressives par le biais de l’objet esthétique commun auquel ils se sont identifiés et par lequel ils exercent leur créativité.
À travers l’étude d’un cas, les auteurs interrogent la pratique sportive de haut niveau de jeunes « forçats de la gloire » dont l’accès à une position de démiurge passe par le déni des limites et le fantasme de toute-puissance. Lorsque le réel du corps et des blessures fait irruption, ces champions formulent d’abord une demande de restauration de leur « appareil à performance », qui chemine progressivement jusqu’à permettre l’ouverture de leur monde interne et l’émergence d’une conflictualité antérieure complexe.
Adolescence, 2014, 32, 2, 295-306.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7