À partir du récit de la mère d’un adolescent parricide, nous proposons plusieurs hypothèses quant aux aspects les plus saillants des mobiles inconscients du meurtre. Le lien parent-enfant teinté d’incestualité se révèle source d’indifférenciation et de confusion avec les objets, provoquant un sentiment d’impersonnalisation mélancoligène, source de violence. Dans ce contexte, le meurtre apparait également comme une tentative de « faire origine » dans un contexte transgénérationnel trouble.
Partant du suivi thérapeutique individuel d’une jeune patiente de treize ans, Clémentine, nous explorerons les retentissements que peut avoir un lien sororal trop fort, et la façon dont il s’avère parfois être un frein au processus de séparation-individuation. Porté à son comble dans le fantasme de gémellité, il en découle un Moi aux contours imprécis, et une poursuite de la relation potentiellement délétère pour un sujet au narcissisme fragile. Indifférenciation des corps et des appareils psychiques, l’anorexie vient faire éclater cette bulle spéculaire, lorsqu’un seul des sujets atteint une puberté physiologique. Dans l’espace de séparation physique et psychique qu’offre le cadre de l’hospitalisation, les entretiens cliniques nous éclaireront sur les modalités de ce passage d’un double vers un soi, et nous aideront à réfléchir sur les enjeux et les limites de la mise en place d’un travail de subjectivation.
Adolescence, T. 31 n°1, pp. 27-36.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7