L’auteur aborde différents vécus de claustration à l’adolescence à partir d’une situation clinique et de plusieurs opéras. Il examine les trajectoires singulières de Bérangère, séquestrée par sa mère, ainsi que de Pamina, captive de la Reine de la Nuit ; puis Siegfried, prisonnier des griffes de Mime et Tannhäuser, retenu par la déesse Vénus. Ces quatre situations invitent à diverses déclinaisons du réagencement imagoïque qui précède l’investissement d’objets substitutifs.
On met souvent la crise adolescente telle qu’elle se manifeste aujourd’hui dans les banlieues sur le compte d’une « maladie d’idéalité ». L’auteur montre qu’il s’agit moins d’un manque, que d’un trop d’idéaux matériels qui empêchent l’adolescent d’adhérer à des valeurs universelles facilitant son insertion. Pour montrer comment une évolution est possible, il analyse le film des frères Dardenne, La promesse, où l’on peut suivre pas à pas cette évolution et en analyser les différentes composantes. Il situe cette évolution dans le processus de conversion au sens large et souligne le rôle majeur joué par la référence à l’imago maternelle.
À propos de la prise en charge d’une adolescente « incasable » dans un centre d’accueil d’urgence, l’auteur développe une lecture des troubles narcissiques primaires qui reposent sur un trouble de la construction de l’image psychique de la mère pour le sujet. C’est alors le corps, le sien et celui de l’autre, qui fait fonction de « contenant » dans la relation, entraînant face aux interdits, une réponse en acte et non pas dans le langage. La prise en charge de ce type d’adolescent implique la reconstruction, sous transfert, d’une image de mère intériorisée et par là même de faire du corps archaïque, un corps pris dans le langage et dans les signifiants.
Adolescence, 1998, T. 16 n°1, pp. 291-303.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7