La question du voile est abordée à partir de quelques-uns de ses éléments structuraux qui font que sa “ logique ” retrouve celle du désir inconscient référé au féminin : le montage de la pulsion, la construction de l’imaginaire corporel qui fait appel aux concepts de Chose, d’objet a lacanien. Est évoqué en quoi les métaphores du voile ouvriraient sur des champs philosophiques et esthétiques interrogés à partir de la problématique de la castration. C’est à travers ces repérages psychanalytiques que l’on peut apporter un éclairage sur les conséquences sociales aliénantes du phénomène du port du voile par les femmes.
Le remaniement des identifications chez la jeune fille dans le passage de la fin de l’enfance à l’adolescence est illustré à partir des données d’une recherche sur les préadolescents et leur devenir, recherche effectuée à partir d’entretiens et de la méthodologie projective. Alors que les jeunes filles prépubères et pubères ont en moyenne le même âge, des différences radicales s’observent en ce qui concerne la mutation d’une féminité d’enveloppe vers une féminité orificielle selon qu’elles sont réglées ou non, illustrant ainsi la validité des hypothèses sur le pubertaire proposées par Ph. Gutton. Parallèlement des mouvements psychiques de séparation vis-a-vis des images parentales se dessinent, tremplin pour la subjectivation.
En sous-estimant l’importance de la relation affective de la mère au corps de l’infans pour la suite du développement, les théories psychanalytiques oublient le rôle majeur du corps comme « dimension vitale de la réalité humaine ». L’auteur établit une distinction entre l’image du corps comme structure fondée sur des expériences sensorielles et le corps comme objet interne, qui inclut le corps érotique et qui a pour fonction d’assurer une base solide au développement du moi et son rapport à la réalité. Les parties du corps liées à des expériences de douleur, à la déprivation ou à l’absence de contact ne peuvent être introjectées et demeurent clivées du corps objet interne, occasionnant des troubles du développement qui peuvent aller jusqu’à des perturbations graves du lien à la réalité.
À propos de la prise en charge d’une adolescente « incasable » dans un centre d’accueil d’urgence, l’auteur développe une lecture des troubles narcissiques primaires qui reposent sur un trouble de la construction de l’image psychique de la mère pour le sujet. C’est alors le corps, le sien et celui de l’autre, qui fait fonction de « contenant » dans la relation, entraînant face aux interdits, une réponse en acte et non pas dans le langage. La prise en charge de ce type d’adolescent implique la reconstruction, sous transfert, d’une image de mère intériorisée et par là même de faire du corps archaïque, un corps pris dans le langage et dans les signifiants.
Les auteurs examinent les productions graphiques et littéraires de préadolescents issus de milieux sociaux défavorisés et présentant des difficultés scolaires. A travers cette activité, il s’agissait de repérer les fantasmes les plus opérants et de susciter une activité de symbolisation. Dans les deux cas, les jeunes adolescents ont manifesté une prédilection pour les représentations de figures de monstres. Les significations possibles de ces productions sont analysées dans leur double contexte psychologique et social.
L’adolescent est extrêmement sensible à son image. Celle-ci est autant redoutée qu’investie avec force et fascination. Dans cet article, nous présentons une observation qui illustre, chez une jeune fille, les perceptions complexes et ambivalentes d’un corps empli de maux divers. Un corps qui semble être la boîte de Pandore de toutes les angoisses nées de l’enfance et de l’adolescence, et un corps-vitrine, façade narcissique par le regard de l’autre, craignant en même temps que ce regard ne voie à l’intérieur de l’adolescente, son intimité, ses pensées, ses angoisses, d’où cet aspect paranoïde fréquent à cet âge.
Cet article décrit une médiation originale utilisée dans une Maison des Adolescents : l’esthétique. L’activité, menée par une socio-esthéticienne professionnelle et un des membres de l’équipe institutionnelle, est très demandée par les adolescentes et permet d’importants changements dans les représentations que les adolescentes ont de leur propre corps. Par l’intermédiaire de modalités esthétiques adaptées à ce qu’elles désirent, demandent ou ont envie d’essayer, les adolescentes apprennent progressivement à se soucier d’elles-mêmes, de leurs désirs et de leur beauté. L’ensemble de ce qui est vécu par les adolescentes est repris et élaboré dans le cadre thérapeutique.
Nous présentons ici un atelier thérapeutique qui utilise comme médiation le vêtement. Mené par une éducatrice et une styliste dans le cadre d’une Maison des Adolescents, cet atelier permet de travailler sur l’image du corps et ses distorsions, sur l’estime de soi, sur les enveloppes et sur les préoccupations corporelles des adolescentes. Il est tout à la fois lieu de rencontres et d’expériences intimes autour de l’être et du paraître du soi adolescent.
La technique du packing est éclairée par la psychopathologie psychanalytique. Toutefois, les études récentes, neuro-physiologiques, développementales, psychopathologiques et institutionnelles viennent converger pour donner à ce soin une possibilité de construire un cadre psychothérapique avec les enfants et les adolescents autistes et psychotiques, à condition de l’intégrer dans une complexité institutionnelle qui prend en compte tous les aspects nécessaires à la prise en charge du sujet en question. Les menées violentes de ses détracteurs sont relativisées par rapport aux bons résultats cliniques obtenus, dont un programme de recherche clinique hospitalier doit rendre compte dans les prochains mois.
Adolescence 2012, T. 30 n°3, pp. 582-601
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7