Le thème du cannibalisme est apparu de façon singulière dans un groupe psychothérapique d’adolescents, servant de fil conducteur tout au long de son histoire. Cet article propose d’étudier la polysémie des fantasmes cannibaliques selon l’évolution du processus groupal. Le rôle de l’illusion groupale, d’après notre hypothèse, s’est révélé déterminant pour permettre le passage d’un cannibalisme mélancolique à un cannibalisme incestueux, puis à un cannibalisme défensif contre la génitalité.
La fête condense deux attentes contradictoires, l’une individuelle à savoir trouver le partenaire amoureux et/ou sexuel idéal, et l’autre de retrouver la sécurité narcissique au sein d’un groupe qui promet des plaisirs sans comparaison. Le choix est d’autant plus difficile que les deux solutions ont fantasmatiquement la même conséquence : la félicité du « sentiment océanique ». Pris entre la fidélité au groupe et l’espoir d’une rencontre amoureuse, l’adolescent opte souvent pour une troisième voie, celle de la recherche rapide d’un état second par la consommation d’alcool ou de stupéfiants.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7