Passion et adolescence évoquent toutes deux la problématique de la démesure, l’excès et l’extrême, le trop du trop. L’amour est ici insensé et insupportable, lié au besoin de l’autre plutôt qu’à l’expression du désir. Aussi, au-delà de l’exigence d’emprise sur l’autre cause du besoin, rencontre-t-on chez le sujet passionnel un sadomasochisme intrasubjectif agi et de fréquentes conduites autodestructrices (autosadisme). Ici, la victime et le bourreau sont particulièrement fondus et amalgamés.
L’exaltation adolescente face à son idole sera considérée comme un moment foncièrement religieux. Pour saisir les enjeux psychiques de ce phénomène social, l’auteur propose de penser ses coordonnées métapsychologiques et sa fonction à partir de la scène de l’« Hilflosigkeit » – matrice de représentations religieuses. L’idole sera saisie comme cette image perceptive qui sature le regard, annihilant ainsi le point aveugle qui instaure la perception à partir d’un point de manque (la Chose). Paradoxalement, cette passion pour l’idole se dévoilera comme un rempart contre le désir. Cette lecture permettra de mieux saisir la stratégie inédite de la religion monothéiste juive envers l’idolâtrie – celle de la dé-totalisation de cette figure qui ne supporte pas le manque. Enfin, pour comprendre en quoi l’idole est un phénomène spécifiquement adolescent, l’auteur propose une relecture de l’idée du trauma du sexuel, que le moment adolescent donne à voir.
Adolescence, 2013, T. 31, n°4, pp. 885-896.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7