L’écrit littéraire adolescent constitue un riche support identificatoire pour le lecteur du même âge. Les auteurs adolescents qui ont poursuivi et amplifié leur créativité à l’âge adulte fournissent une identification constructive, sur fond de subjectivation réussie du processus pubertaire, mais ceux qui n’ont écrit qu’à cet âge suscitent une fascination intense chez les jeunes lecteurs qui tendent à dénier la réalité du pubertaire. Le collage sans distance à l’œuvre ou à l’auteur peut être alors le signe d’une issue mentale catastrophique – potentielle ou avérée – de la crise d’adolescence. L’observation de Jean-Marie, dix-sept ans et “ fan ” tant des poèmes que de la vie de Rimbaud, illustre en détail cette occurrence problématique.
L’auteur propose d’étudier les liens entre amitié et processus d’identification au moment de l’enfance et de l’adolescence. À travers un fragment de la psychothérapie d’une adolescente, est rapportée l’histoire d’amitié peu commune entre deux amies d’enfance, deux âmes sœurs que seule la mort pouvait séparer. L’analyse des mouvements transféro-contre-transférentiels permet d’une part de dégager le thérapeute d’une position idéalisée par la patiente et surtout de transformer la relation thérapeutique qui risquait de se perdre dans une unité confuse.
L’amitié adolescente n’est-elle pas ce chemin qui mène ce dernier de l’enfance au monde adulte en passant par ce registre de l’amoitié (amour/amitié).
Les exemples cliniques de Jonathan et de JN. A. Rimbaud nous guiderons et interrogerons sur ce “ concept ” de l’amoitié adolescente qui serait une relation libidinale mais dont le but sexuel est sublimé en quelque chose par la société comme la solidarité, la justice, la fidélité.
Sous un abord simple, la demande de chirurgie esthétique est souvent d’une grande complexité. Dans les demandes de mammoplastie ou de rhinoplastie notamment, la souffrance, apparue à l’adolescence et fixée sur un organe donné(nez – seins), est corrélative de celle liée parfois aux remaniements psychiques inhérents à cette période. À travers certaines bribes de son histoire, l’analyse de Claude retracera le fil de ce désir de modification esthétique jusqu’à sa source et fera apparaître des difficultés d’identification et de filiation directement en rapport avec ses désirs de métamorphose chirurgicale.
Les auteurs proposent une réflexion relative à la violence agi en augmentation dans la population adolescente et ils s’interrogent sur la compréhension analytique des mouvements destructeurs, aussi bien hétéroagressifs qu’autoagressifs. Différentes positions théoriques sur la question de la pulsion de mort, de la dé-liaison pulsionnelle ou de la tentative de sauvegarde d’un sentiment d’identité lors de l’irruption de violence sont abordées rapidement, suivies de deux vignettes cliniques. La réflexion à partir de ces vignettes tente une mise en lien des aspects intrapsychiques et familiaux qui sous-tendent le recours aux passages à l’acte violents chez ces sujets, en relation avec la problématique adolescente. L’impasse identificatoire momentanée est évoquée ainsi que l’interdépendance entre la violence dirigée contre soi et celle dirigée contre autrui.
En développant largement le cas d’une jeune patiente boulimique autour de moments mutatifs de la relation transférentielle et des aléas fructueux d’un transfert latéral dans sa cure, j’essaie de mettre en évidence les aspects particuliers et spécifiques de sa relation d’objet Je propose de voir dans la problématique d’addiction et de dépendance à l’objet alimentaire des failles dans les processus précoces d’identification liées au fait que l’objet originel d’investissement serait « mal identifié » ou se serait « mal fait identifier ». L’objet ne pourrait alors être introjecté mais seulement incorporé. I1 en résulterait la quête sans fin (dépendance), non pas tant de l’objet lui-même, que d’une tentative d’identification « de » cet objet pour s’y identifier et s’en désaliéner.
L’idole et l’icône sont deux concepts qui ont traversé l’histoire de la rationalité occidentale. Ils définissent deux façons de concevoir une image. Sur le premier repose le discrédit platonicien du simulacre, image trompeuse car détachée de son support. Le second, repris par la théologie chrétienne, confère une légitimité à l’image de culte car celle-ci renvoie à son prototype.
Les deux concepts sont ici appliqués à la question de l’identification à l’adolescence. Dans les premières rencontres avec ses objets, la psyché est rivée à ses idéaux, cherchant une ressemblance idolâtre, copiant les modèles.
La relation d’un cas clinique illustre l’hypothèse que les identifications obéissent à un autre processus: la métabolisation des images s’effectue lorsque la croyance transférée sur l’analyste permet à l’adolescent de se séparer des anciennes idoles en reconnaissant qu’il construit une relation, à l’intérieur de lui-même, à leurs images: l’icône psychique dans l’identification sera ainsi partie prenante de l’ipséité.
Les jeux vidéo et les logiciels éducatifs s’avèrent constituer d’excellents supports pour l’observation clinique des comportements et de la relation homme-machine. Les enfants et les jeux vidéo nous incitent à nous poser des nouvelles questions sur l’espace transitionnel qu’ils créent. Le monde virtuel est en mesure de révéler la manière dont le sujet interagit avec son environnement. Il en résulte de nouvelles hypothèses sur la qualité des perceptions et l’appréhension des objets dans la construction du Moi et de son avenir émotionnel.
Les auteurs tentent de montrer en quoi la création d’une multiplicité d’avatars dans les jeux vidéo, en particulier dans les MMORPG, procède de fonctions psychologiques différentes. Les avatars sont soit des représentants fractionnés du soi où chacun vient recomposer une partie de la personnalité du joueur, soit cette représentance est différée au profit d’une recherche brute de sensations et d’excitations motrices. Ces aspects relationnels distincts d’avec l’avatar seront illustrés à partir de vignettes cliniques d’adolescents.
Dans le contexte du néo-libéralisme et de l’effondrement des métacadres sociaux, le déni de la différence générationnelle met en crise la transmission culturelle à l’école par l’évitement des conflictualités identificatoires œdipiennes et l’attaque des organisateurs psychiques et culturels. Les souffrances, les violences et transgressions adolescentes sont à comprendre comme les symptômes et les conséquences de l’idéalisation politique de la perversion et de la régression à l’infantile dans le social-historique.
Adolescence, 2009, T. 27, n°2, pp. 431-445.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7