Commentant J. Lacan en tant que lecteur de Freud, l’auteur remarque chez l’un comme l’autre l’importance de l’idéal du moi à l’occasion de ce qu’ils nomment la « puberté ». Ce terme dénué de tout biologisme remplace chez eux notre moderne « adolescence ». C’est un avatar de ce processus que J. Lacan dénonce dans le déclenchement d’une psychose, à savoir l’impossibilité pour le sujet d’introjecter l’idéal du moi jusqu’alors projeté.
Dans ce travail nous proposons une conceptualisation prenant en compte la théorie de l’esprit, l’adolescence pouvant être caractérisée comme l’âge où le sujet formule pour lui-même une méta-théorie de l’esprit : il investit de pensées ses propres pensées. Le résultat de cette méta-théorie de l’esprit pourrait se figurer à travers l’idéal du moi dont on sait qu’il est une instance qui se dégage au cours de l’adolescence.
Le transitivisme est à la fois le mode de confusion entre lui et l’autre que traverse l’enfant de trois, quatre ans et la phase de transition qui marque cette étape de maturation psychique. Les difficultés exprimées par des adolescents sportifs (pongistes) témoignent de la résurgence du phénomène de transitivisme à l’adolescence.
L’auteur montre comment ce trouble est significatif des élaborations psychiques du « pubertaire » aux prises avec l’image spéculaire. L’idéal du moi qui règle l’identification à l’autre est l’instance qui permet le passage du duel avec soi-même à la compétition avec l’autre.
Freud nous a légué une théorie de la rivalité fraternelle à partir de son auto-analyse. Pour lui, le fraternel, c’est du paternel déplacé. Les conflits nés des rivalités fraternelles sont reliés à l’Œdipe. Lacan a montré combien la jalousie entre frères et les conflits de rivalité relèvent autant d’une identification mentale que d’une rivalité vitale. Le rival joue, en effet, le rôle d’une image identificatoire qui permet au sujet de se constituer. La question du narcissisme et, en particulier, du narcissisme des petites différences, apparaît comme centrale. Comment les petites différences remettent-elles en question le moi idéal du groupe et l’idéal transmis de génération en génération ? Comment l’origine peut-elle être partagée ? Telles sont les questions que cet article se propose d’examiner en discutant les travaux d’un certain nombre d’auteurs (ceux de Gilbert Diatkine et de Daniel Sibony, en particulier).
À partir du cas clinique d’une adolescente sportive de haut niveau (tir à l’arc) ne présentant pas une organisation pathologique structurée, l’auteur analyse les processus de remaniement de l’Idéal du Moi. Ces processus sont mis en évidence à partir de l’analyse du symptôme de la contre-performance et des difficultés relationnelles de l’adolescente. L’accent est mis sur l’épreuve de perte (castration symbolique) qu’impose les remaniements de l’Idéal du Moi : renoncement à l’Idéal du Moi de l’enfance et à la dépendance parentale qui l’accompagne. L’angoisse de castration qui se déplace sur la compétition sportive (perdre/gagner) offre un support métaphorique à l’expression du conflit et le matériau à partir duquel se traite la difficulté psychique.
L’angoisse de culpabilité, ainsi que l’a montré Freud en 1916, peut être à l’origine de comportements transgressifs. Le passage à l’acte délictuel, distinct par sa dynamique intrapsychique du recours à l’acte, s’inscrit pleinement dans l’hypothèse freudienne. L’adolescence peut susciter l’émergence d’un sentiment de culpabilité diffus et angoissant, qui permet de comprendre la recrudescence de transgressions à cette période de la vie. Deux axes de compréhension peuvent être envisagés simultanément : le sentiment de culpabilité généré par les fantasmes parricides, mais aussi le besoin de punition comme équivalent symbolique de soumission homosexuelle au père, susceptible de conférer sa masculinité au fils.
En partant de deux cas cliniques montrant d’impossibles désidéalisations en fin d’adolescence, l’article interroge la spécificité des idéalisations religieuses. Il montre la parenté intrinsèque entre l’idéal, le besoin d’absolu et la foi en une figure divine. L’examen ensuite de trois cheminements d’adolescents aide à dégager l’idée d’une ambiguïté intrinsèque à l’idéal religieux.
Au fil des textes freudiens, sont dégagées les notions d’idéalisation, de formation d’idéal et d’idéal du Moi. La distinction post-freudienne entre idéal du Moi et Moi idéal est explicitée. Le parcours se conclut par la distinction entre idéalisation et sublimation.
Adolescence, 2013, T. 31, n°4, pp. 823-834.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7